Crise en Slovénie : manifestation de partisans et d'adversaires de Jansa
LJUBLJANA - Environ 30.000 partisans et adversaires du Premier ministre
conservateur slovène, Janez Jansa, mis en cause pour corruption, ont au
total manifesté vendredi à Ljubljana à quelques heures d'intervalle.
En
fin de matinée, environ 12.000 personnes, selon les organisateurs,
9.000 selon la police, se sont rassemblées à l'appel du groupe
conservateur favorable au gouvernement Forum de la République.
La
seconde manifestation, nettement plus importante - 20.000 manifestants,
selon la police -, la troisième du genre, était organisée, via le
réseau social en ligne Facebook, à l'initiative de mouvements civiques
qui dénoncent la corruption de la classe politique.
Ces deux
manifestations traduisent la grave crise politique en cours en Slovénie,
où le gouvernement ne dispose plus de la majorité absolue au Parlement,
le tout sur fond de marasme économique et social.
S'adressant à
ses partisans, Janez Jansa, mis en cause par la Commission nationale de
lutte contre la corruption, s'en est vivement pris à l'opposition de
gauche : Nous en sommes réduits au point où nous allons devoir agir
fermement contre ce fascisme de gauche, contre les menaces, la violence
et le chaos, a-t-il affirmé. Le chef du gouvernement étant au sommet
européen à Bruxelles, ce discours avait été pré-enregistré.
Janez
Jansa se bat pour rester au pouvoir à la tête d'une coalition n'ayant
plus que 36 sièges sur 90 au Parlement après le départ de deux petits
partis.
La liste citoyenne (DL, centre droit) et le parti des
retraités (DeSUS) se sont retirés de la coalition - réduite à trois
partis - après que la Commission de lutte contre la corruption eut
reproché à M. Jansa des irrégularités dans la déclaration de ses biens.
Une autre formation a menacé de quitter la coalition.
Janez
Jansa, déjà sous le coup d'un procès pour corruption présumée liée à un
gros contrat de défense avec l'entreprise finlandaise Patria pour la
livraison de chars pendant son premier mandat de Premier ministre, a
rejeté les accusations de la commission et a exclu de démissionner.
Je
ne suis pas de droite, je suis une patriote, je suis pour la Slovénie,
pour que mes enfants et moi ayons un emploi, a déclaré à l'AFP l'une des
manifestantes favorables à M. Jansa, Irina, 52 ans, au chômage,
confiant sa crainte de voir la crise s'aggraver jusqu'à aboutir à une
guerre civile.
De leur côté, les opposants, qui ont bloqué
pendant plusieurs heures le centre de la capitale slovène, proclamaient
sur leurs banderoles à l'adresse de Janez Jansa : Il est fini ou encore
Jansa : le dernier dictateur en Europe et dans les Balkans.
Il
faut que tous les politiques corrompus partent, a déclaré à l'AFP une
des manifestantes, Zala Prevolsek, âgée de 33 ans, spécialiste de
biologie génétique, au chômage.
La Slovénie, petit pays de la
zone euro issu de l'ex-Yougoslavie, souffre d'une sévère récession,
appelée à se poursuivre en 2013, et d'un chômage élevé. Le secteur
bancaire, plombé par des actifs toxiques, pèse sur les finances
publiques.