Vladimir Poutine se montre plus conciliant avec les Serbes
La transcription de la discussion entre le nouveau président serbe, Tomislav Nikolić, et le président russe, Vladimir Poutine, laisse entendre que Moscou s'apprêterait à collaborer avec un gouvernement dirigé par son rival, l'ancien président, Boris Tadić.
M. Nikolić, un ancien ultranationaliste, a symboliquement choisi la Russie pour son premier voyage officiel, suite à sa victoire lors des élections du 20 mai dernier. Le Parti progressiste de M. Nikolić dispose d'un accord de coopération avec le parti de M. Poutine, Russie unie.
Selon la transcription officielle de la discussion du 26 mai fournie par le Kremlin, M. Nikolić aurait dit à son homologue que le seul candidat qui aurait pu le battre aux élections en Serbie était M. Poutine lui-même.
« On vous adore, M. Poutine »
« Je suis fier d'avoir dirigé un parti qui coopérait avec Russie unie. Je suis fier de pouvoir dire que je dirigerai la Serbie de manière a servir au mieux les intérêts de la Serbie et de la Russie [...] Nous vous adorons en Serbie », a affirmé M. Nikolić au président russe.
Une grande majorité de Serbes se montre en effet reconnaissante vis-à-vis de la Russie pour son soutien lors de la guerre du Kosovo en 1999. Ce conflit a mené à la déclaration unilatérale d'indépendance de l'ancienne province serbe en février 2008 (voir « Contexte »).
Mais tous les Serbes ne se réjouissent pas d'avoir la Russie comme principal partenaire stratégique. Boris Tadić, le président sortant, incarne le camp pro-occidental pour les citoyens serbes qui souhaitent que le pays rejoigne l'Union européenne.
Fait surprenant, M. Poutine a envoyé ses « meilleurs vœux » à M. Tadić, ajoutant que Moscou avait hâte d'assister à la formation d'un nouveau gouvernement.
« J'ai une requête inhabituelle à faire », a déclaré M. Poutine. « L'ancien président de la Serbie, Boris Tadić, est votre ancien rival. Nous avons toutefois travaillé avec lui pendant de nombreuses années. La singularité de ma requête est que je souhaiterais que vous lui témoigniez ma gratitude pour cette coopération et que vous lui transmettiez mes meilleurs vœux », a ajouté le président russe.
Lors d'un entretien accordé à la presse russe, M. Nikolić a expliqué qu'il ne s'attendait pas à ce que son pays rejoigne l'UE dans les dix prochaines années. Il a indiqué que la procédure d'intégration européenne pourrait être interrompue si Bruxelles poussait la Serbie à renoncer au Kosovo qu'il a d'ailleurs qualifié de partie de son territoire.
« La Serbie ne rejoindra jamais l'OTAN, dans la mesure où c'est le souhait de la majorité des Serbes », a-t-il déclaré.
M. Nikolić dans l'incapacité de former une coalition
De retour à Belgrade, M. Nikolić a affirmé qu'il était prêt à surmonter ses différends avec M. Tadić.
« Nous avons un objectif commun, à savoir d'aller de l'avant pour que les citoyens serbes puissent jouir d'une vie meilleure », aurait-il expliqué, cité dans la presse.
M. Nikolić est sans doute en train de réaliser que la formation d'un nouveau gouvernement dirigé par M. Tadić lui laisserait peu de pouvoir. En Serbie, le poste de premier ministre est plus important que celui du président, un rôle surtout protocolaire.
Après avoir perdu le scrutin du 20 mai, M. Tadić avait annoncé qu'il ne se présenterait pas au poste de premier ministre. Il a toutefois annoncé le 27 mai dernier qu'il avait changé d'avis et qu'il briguerait cette position.
Le parti de M. Nikolić a remporté 73 sièges au parlement qui en compte 250, tandis que le Parti démocratique de M. Tadić n'en a remporté que 68. La coalition menée par le Parti socialiste d'Ivica Dačić s'est assuré 45 sièges.
L'allié des progressistes, le Parti démocratique de Serbie de Vojislav Kostunica, n'a récolté que 21 sièges, pas assez pour constituer une majorité. La seule option serait que les socialistes de M. Dačić changent d'avis et abandonnent leur alliance avec le Parti démocratique. Cette alliance avait été scellée avant le second tour de l'élection présidentielle.
Il est toutefois peu probable que les socialistes agissent de la sorte, dans la mesure où ils ont tout fait pour se détacher de leur héritage autoritaire. M. Dačić a quant à lui abandonné ses ambitions de devenir premier ministre.
MM. Tadić et Dačić se sont rencontrés aujourd'hui (29 mai) à Belgrade, a rapporté BETA, l'agence partenaire d'EurActiv en Serbie. Ils n'ont fait aucune déclaration, si ce n'est qu'ils étaient à la recherche d'un troisième partenaire de coalition.
Des membres du Parti libéral-démocrate de Čedomir Jovanović (19 députés) et le parti des Régions unies de Serbie de Mlađan Dinkić (16 députés), considérés comme des partenaires de coalition potentiels, ont affirmé ne pas avoir été contactés, officiellement ou informellement.
traduit de l'anglais par
Note : Pourquoi les Serbes se tournent-ils vers un Poutine et non pas vers un Moullande ? Après tout les deux ont été investis dans leurs fonctions présidentielles à peu près en même temps. Peut-être que les Serbes ont également perçu en Moullande une sorte d'Eltsine français. Un type flasque et sans épine dorsale dont tout le monde va profiter alors que lui ne pourra profiter de personne. Certainement pas quelque chose de très attirant.
Mais c'est ainsi, les Français ont voulu la pâte Moullande, ils vont en être pétris pendant cinq ans. Maintenant il ne leur reste plus qu'à préparer l'après-Moullande.