La Croatie introduit les chômeurs sur le marché du travail
Un reportage d’Al Jazeera Balkans, la vidéo ici.
En République de Croatie, presque la moitié des 308.000 chômeurs sont constitués de jeunes de moins de 34 ans. L’Etat tente de les introduire sur le marché du travail au travers du perfectionnement professionnel pour une durée d’un ou deux ans. Il leur verse les cotisations sociales ainsi qu’une rémunération mensuelle de 213 euros.
Pour Marija Sesvečan, qui habite Zagreb, le concours pour le perfectionnement professionnel a signifié une entrée dans le monde du travail. Après avoir cherché en vain du travail pendant des mois, elle s’est présentée au concours.
Elle n’avait pas d’expérience du travail et elle a donc jugé que 213 euros par mois étaient préférables que de rester assise à la maison. « Ils me donnent des formulaires, j’envoie de la correspondance, de la poste », déclare Marija.
Une relation de travail incertaine
Ivana Brkić, journaliste d’Al Jazeera envoyée à Zagreb, constate que trois autres jeunes travaillent à la préfecture aux côtés de Maria.
Huit collègues vont venir les renforcer, explique le préfet Stjepan Kožić, qui en embaucherait davantage s’il savait où les placer.
Les trois premiers mois de cette année 1.100 jeunes personnes se sont présentées au concours de perfectionnement professionnel.
Qu’adviendra-t-il d’eux au bout d’un an ?
« On voit comment ils sont au travail, comment ils sont en général, si ça vaut la peine de continuer de travailler avec eux. Puisqu'on a eu l’occasion de mieux les connaître, il est possible au besoin que l’un d’eux puisse continuer », déclare Kožić qui dirige la préfecture.
Le programme de perfectionnement professionnel sans titularisation existe depuis 2010.
Cette année-là, 770 jeunes ont travaillé selon ce programme, l’année suivante ils étaient 4.760. Quant aux trois premiers mois de cette année, 1.100 jeunes personnes se sont portées candidates, indique la reporter d’Al Jazeera.
La nouvelle loi récemment entrée en vigueur a élargi cette mesure. Par exemple, les stagiaires obligatoires ne sont plus la priorité et il n’y a plus de limitation d’âge.
92 candidats pour un poste de travail
« Même le président de la République Ivo Josipović est prêt à engager des jeunes selon ce modèle. Une annonce est parue pour sept postes de travail, et le concours se poursuit encore aujourd’hui. Je sais qu’il y a une forte demande pour travailler dans son bureau. Pour l’instant 650 personnes ont déposé leur candidature, ce qui veut dire que 92 personnes s’affrontent pour une place de travail », signale la journaliste d’Al Jazeera.
A Pôle emploi on estime que la mesure a porté ses fruits et qu'elle ne va pas effondrer les prix du travail. Une responsable affirme que l'organisme va strictement surveiller les employeurs avec qui sont passés des contrats.
L’analyste économique Damir Novotny estime que le modèle est bon quoique insuffisant. Il ne croit pas qu’il viendra à bout du chômage de grande ampleur.
Tout en attendant les nouvelles mesures du gouvernement, Marija Sesvečan en a encore pour sept mois. Il lui faut passer l’examen professionnel, et puis qui sait.
Dans le pire des cas, déclare-t-elle, elle quitte le bureau pour se réinscrire au chômage, mais au moins elle aura une bonne expérience de travail.
Source : balkans.aljaazera.net, le 29 mai 2012.
Note : Lorsque la Croatie est entrée dans l'OTAN en 2009, l'argument le plus souvent employé pour convaincre la population croate qu'il s'agissait d'une bonne chose fut l'argument économique qui prévalait même sur l'argument sécuritaire. Combien de fois n'a-t-on pas entendu dire que cela allait apporter des investissements à la Croatie ! Trois ans plus tard, les jeunes se voient offrir des emplois pour 213 euros par mois. Cherchez l'astuce !