L’honneur perdu de Zoran Pusić
Les célèbres militants croates des droits de l’homme Žarko Puhovski et Zoran Pusić ont déclaré pour Index que l’arrestation d’aujourd’hui de l’activiste qui a crié « Free Tibet » est une violation de la liberté d’expression.
Pour rappel, un activiste de l’Action citoyenne a été arrêté et cité à comparaître pour avoir lancé « Free Tibet » au moment où le Gouvernement et le Premier ministre Milanović se réunissaient avec une délégation chinoise.
Le président du Comité citoyen pour les droits de l’homme, Zoran Pusić [le frère de la Ministre croate des Affaires étrangères, N.d.T.], a déclaré pour Index que cela constituait une violation des droits de l’homme de la part de la police. « C’était une violation des droits de l’homme, qui ont lieu partout en Europe », a déclaré Zoran Pusić. Il a expliqué que cela se passe sur tout le continent parce que les états considèrent que la Chine est un bon partenaire commercial.
Violation de la liberté d’expression
« Cela rentre absolument dans les violations de la liberté d’expression. En Croatie cela s’est produit parce que l’on estime qu’un riche partenaire commercial vaut davantage que les droits de l’homme », a déclaré Pusić. Et il a ajouté que pour la même raison tous les autres pays européens « suspendent » les droits des citoyens lorsqu’il s’agit de la Chine. Le président du Comité citoyen a défendu l’activiste appartenant à l’Action citoyenne quant à l’énoncé de son message.
« Il est incontestable que le Tibet a été rattaché à la Chine de manière impérialiste », a déclaré Pusić qui a souligné que l’ancien chef politique tibétain, le Dalaï-lama, s’est battu par des moyens pacifiques pour que cesse l’occupation et qu’il n’a jamais appelé à la violence. Pareillement lors de la manifestation pacifique d’aujourd’hui il n’y a pas eu d’appel à la violence et seul un activiste s’est borné à crier « Free Tibet ». Žarko Puhovski abonde dans le sens de Zoran Pusić. « Je pense qu’il s’agit d’un cas manifeste de déni de la liberté d’expression en raison d’intérêts économiques », a brièvement commenté Puhovski pour Index.
Toutefois, cela n’a pas été la seule concession faite par les autorités croates à leurs invités chinois qu’ont eue à déplorer ces jours-ci les citoyens de Zagreb. Hier après-midi, à cause des Chinois, la circulation a été bloquée sur une bonne partie de la route menant du centre-ville jusqu’à Novi Zagreb. Et mardi la police avait offert son concours pour effacer le graffiti « Free Tibet » sur le Centre Medika. On suppose que l’enlèvement du graffiti a pour origine la présence d’une délégation chinoise au sein de la Chambre de commerce et d’industrie puisque le centre se trouve sur le trajet qui mène à ce lieu. Aussi fallait-il effacer un message qui probablement ne leur aurait pas plu.
Notons enfin que le chef spirituel tibétain avait visité la Croatie en 2002 et que le pouvoir d’alors n’avait pas fait preuve de plus de courage. Le Premier ministre Ivica Račan l’avait rencontré de « manière informelle » alors que le président Stipe Mesić avait quant à lui refusé de le recevoir.
Les politiciens slovènes plus courageux que les nôtres
A la différence de nos dirigeants, nos voisins slovènes ont été plus audacieux il y a dix ans lorsque le sommet de l’Etat au complet (le président Milan Kučan, le Premier ministre Janez Drnovšek et le président du parlement Borut Pahor) l’avait reçu officiellement. De même le Dalaï-lama a-t-il séjourné ces jours-ci en Slovénie à l'invitation du maire de Maribor, Franc Kangler.
Source : index.hr, le 19 mai 2012.