Nos morts et les vôtres
Il y a beau temps que la guerre en Bosnie-Herzégovine est finie. Deux décennies ont passés depuis les premières victimes. Aujourd’hui il n’y a personne qui ait le droit au nom de quoi que ce soit d’empêcher quelqu’un de se souvenir de ses morts et d’en entretenir la mémoire, quel que soit l’armée qu’ils ont servi ou bien leur appartenance à un camp quelconque. Le principe est humain, pour que les choses puissent aller de l’avant. Et tout acte qui amoindrirait ou entraverait le droit à se souvenir des morts s’inscrit dans la poursuite des crimes de la guerre passée.
Mais aujourd’hui encore il s’avère que ces victimes sont « la marchandise la plus précieuse » pour enflammer les passions nationalistes, ainsi qu’un puissant instrument pour que les élites spoliatrices puissent se maintenir au pouvoir. Cela des deux côtés de la Drina : à Banja Luka, Sarajevo, Belgrade... sans les citer toutes. Pour ce faire toutes les occasions sont bonnes, or elles n’ont pas manqué au cours des sales guerres qui se sont déroulées dans l’ex-Yougoslavie.
Tout a déjà été dit et c’est chose connue.
Que les nationalistes serbes ont commis l’agression contre la Bosnie-Herzégovine et que par la suite les nationalistes croates se sont joints à eux afin de démembrer ensemble la Bosnie-Herzégovine. Et que l’ancienne armée populaire yougoslave s’est mise au service du régime de Belgrade. Et que des crimes de guerre ont été commis de toutes parts. Et qu’un génocide a été réalisé à Srebrenica. Et que la Republika Srpska est le fruit des pressions exercées par les grandes puissances pour que la guerre en Bosnie-Herzégovine cesse fin.
Il faudrait que la vie continue après la guerre sans pour autant que les crimes tombent dans l’oubli ni ne soient pardonnés. Mais ils ne cèdent rien, les chiens ne cèdent rien. Il leur faut des victimes, il leur faut des morts afin qu’en brandissant les chiffres ils renforcent chez les peuples la conscience d’être menacé. Il leur faut constamment des Jasenovac, des Bleiburg, des colonnes de Tuzla, des Draža Mihailović, des camps de la mort, des fosses d’abattage… de nouveaux et anciens mythes. La menace constante venue d’autrui et non pas d’eux-mêmes qui par leur pillage quotidien ne laissent pas le peuple respirer.
Comment mettre fin à l’exploitation des morts et qui le peut ?
Les forces impérialistes les ont autorisés à faire la guerre puis elles les ont poussés à faire la paix, en fonction des intérêts en jeu. Seule une force qui s’opposera aujourd’hui aux cliques installées en Serbie, en Bosnie-Herzégovine, en Croatie, au Kosovo… , et aux impérialistes, est à même de surmonter les souffrances de nos peuples.
Il y a vingt ans il n’y avait pas de force, il n’y avait pas de mouvement de partisans afin de disperser tous ces tchetniks, ces oustachis et autres hordes nationalistes. Aujourd’hui encore il n’y a point de ces forces pour faire entendre raison à ces nationalistes qui se sont maintenus en bataillant avec les morts, en recomptant leurs victimes, en enfermant et falsifiant l’histoire, en tenant les peuples sous leur soumission – et en empêchant qu’une Serbie, qu’un Bosnie-Herzégovine ou une Croatie antinationalistes, anticapitalistes et antiimpérialistes ne fassent pleinement entendre leur voix.
Seuls des mouvements nationaux reposant sur les mêmes principes qu’en 1941, placés dans des conditions nouvelles, constituent cette force s’élevant au-dessus de la misère et du mal qui règnent parmi nos peuples.
Cette lutte de nos peuples amènera à ce que les morts cesseront d’être les nôtres et les vôtres, amènera à ce qu’ils seront tombés pour la liberté et qu’on se comportera avec eux avec tout le respect dû.
Ils ne peuvent être morts qu’au nom de nous tous. Au nom de notre liberté et d’une vie meilleure.
Source : partijarada.org, le 17 mai 2012.