Serbie - Le Parti des Roms demande la protection de l’UE
Le Parti des Roms (RS) a adressé aujourd’hui une lettre au chef de la Délégation de l’Union européenne à Belgrade, Vincent Degert, à la Mission de l’Organisation pour la sécurité et la coopération en Europe (OSCE) et au Bureau du Conseil de l’Europe en Serbie, dans laquelle il demande la protection du corps électoral rom et des activistes de ce parti.
Dans la lettre, le parti juge indispensable que réagissent les institutions et organisations européennes après la série d’incidents recensés, dont celui de lundi lorsque le chef du Parti des Roms, Srđan Šajn, député sur la liste « Pokrenimo Srbiju », a été pris pour cible dans l’après-midi à Čurug.
Dans le texte il est dit que les activistes du Parti des Roms et leur leader ont été agressés par un „groupe de personnes prétendant être des activistes du Parti démocrate (DS) et ayant physiquement entravé les contacts entre les membres du RP et les électeurs de nationalité rome“.
La police s’est certes rendue sur les lieux mais à la place de procéder au contrôle d’identité des agresseurs, elle s’est bornée à le faire avec les membres du RP, est-il dit dans la lettre adressée à l’UE, à l’OSCE et au Conseil de l’Europe.
Le Parti des Roms affirme dans la lettre que dans la commune de Žabalj et d’autres localités en Serbie des pressions sont exercées afin que les Roms votent en faveur des partis au pouvoir.
« Il s’agit ici indiscutablement de pression politique et de violation des libertés politiques fondamentales, ce qui peut entraîner une hausse des demandes d’asile de la part de la communauté rome dans les pays de l’UE après les élections en Serbie », lit-on dans la lettre du RP envoyée aux délégations européennes à Belgrade.
Le RP informe également les
représentants européens que „non seulement dans la commune de Žabalj mais aussi dans d’autres
localités serbes on prépare de l’argent et des paquets en vue d’acheter les
voix des roms ; l’on instigue la peur, par exemple dans la commune de
Vlasotince, afin que ces derniers votent pour la liste menée par le DS ».
« Les Roms sont menacés de se voir supprimer l’aide sociale si leur vote
est contraire ; des paquets sont préparés partout en Voïvodine et de l’argent
est promis de la part du DS et du Parti libéral-démocrate », avertit le RP.
Il pointe également l’incident de l’enseigne publicitaire détruite sur le Musée
consacré à la culture des Roms à Belgrade ainsi que le silence des médias sur
cet incident et d’autres tout aussi sérieux qui sont survenus ces derniers
jours.
Les déclarations faites par les dirigeants de Belgrade à l’occasion du déplacement des Roms ont pour partie contribué à ce climat de pression, lit-on dans la lettre. Le comportement des autorités a également pu transparaître au travers des émissions en romani sur la chaîne de télévision nationale RTS2, où seuls des représentants du NS sont intervenus ces trois dernières semaines.
« Nous vous prions d’encourager tous les acteurs politiques à œuvrer en conformité avec la loi à la veille des élections du six mai, de manière à ce que par leurs agissements ils ne provoquent pas de conséquences fâcheuses », demande le Parti des Roms dans la lettre adressée aux délégations européennes en Serbie.
Source : akter.co.rs, le 1er mai 2012.
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La vie chamboulée des Romosomes
Les Roms ne sont pas décidés à se laisser faire, ce qui n'est pas si étonnant. Contrairement à l'image misérabiliste, il se pourrait bien qu'il s'agisse d'une population plutôt ascendante, du moins dans les Balkans.
Qu'est-ce qui me fait dire cela ?
Première raison, la plus importante : les Roms ont des enfants. Cette différence est d'autant plus marquante que les populations des Balkans n'en ont généralement que peu. Souvent ces populations sont vieillissantes, voire finissantes.
La deuxième raison est d'ordre plus psychologique. Dans un monde de plus en plus tourné vers la simple survie, les Roms sont assez bien préparés aux temps qui viennent.
A ce sujet, il existe grosso modo deux scénarios. Selon le premier, celui d'un Piero San Giorgio, la civilisation va s'écrouler d'ici dix ans. Selon le second, celui d'un Michel Drac plus réaliste, nous serons confrontés à un affaissement par pallier qui prendra plus de temps suivi d'un effondrement final. Notez bien que ces deux visions sont pessimistes, ce qui n'est guère étonnant de la part d'intellectuels plutôt classés à droite sur l'échiquier des valeurs. En effet, les deux présupposent que le monde ne sera pas en mesure de découvrir de nouvelles sources d'énergie capables de remplacer les énergies fossiles sur lesquelles repose notre mode de vie. On peut donc considérer qu'il existe en fait trois scénarios, sauf que le troisième est aléatoire alors que les deux premiers sont assez pragmatiques.
Bien sûr on pourrait objecter à cet avantage comparatif que les Roms ne sont pas des modèles d'organisation. Or, pour s'en sortir dans un monde où le nécessaire pourrait venir à manquer, le sens de l'organisation primera sur la résilience. Exact mais pour être organisé encore faudrait-il que nous soyons toujours en vie.