Les Russes prennent le contrôle du Gouvernement croate
Par Ivan Kegelj
Le numéro deux du gouvernement, Vladimir Čačić, a proposé au Premier ministre Zoran Milanović une privatisation partielle du gouvernement de la République de Croatie, c’est-à-dire la participation de partenaires étrangers dans la conduite des affaires du pays. Lors de son dernier déplacement à l’étranger, Čačić a trouvé des investisseurs russes qui se disent intéressés à racheter le gouvernement tout en assumant une part d’ingérence et des postes de direction. La proposition faite par Čačić sera examinée lors de la prochaine séance gouvernementale, mais à en juger par les premières réactions il faut s’attendre à ce que Milanović donne son aval à une telle initiative.
Le vice-Premier ministre Vladimir Čačić a offert aux investisseurs russes six milliards d’euros pour le rachat de 51% des actions du Gouvernement de la République de Croatie. Si les investisseurs ont donné leur accord de principe, la décision finale revient néanmoins au Premier ministre Zoran Milanović. Comme nous l’avons appris auprès des hautes instances du SDP, Milanović consentirait à cet investissement à condition qu’il puisse régulièrement voyager à Bruxelles en tant que Premier ministre.
"Zoran consent à ce que les investisseurs russes participent aux travaux du Gouvernement mais il n’entend pas renoncer à côtoyer ses partenaires européens", nous affirme notre source du SDP.
Cette position est partagée par la ministre des Affaires étrangères Vesna Pusić, qui ne consent à la privatisation du gouvernement qu’à condition de pouvoir continuer à rencontrer ses collègues européens et internationaux. Le porte-parole du HNS, Igor Kolman, a indiqué que Vesna Pusić serait d’accord de remplir ses fonctions de manière purement théorique pour autant qu’il lui soit permis de voyager et de s’entretenir sans réellement peser sur la conduite de la politique étrangère du pays.
Quelques signes de résistance à l’idée avancée par Čačić émanent du lobby dit de Rijeka, emmené par le ministre des finances Slavko Linić. En effet, celui-ci n’a pas l’intention de se défaire de la gestion des deniers publics, et si jamais le Premier ministre Milanović devait céder à l’initiative lancée par son partenaire de la coalition, il demanderait à ce que le ministère des finances soit dissocié afin qu’en cas d’entrée des partenaires russes il puisse continuer à pleinement contrôler ce ministère stratégique.
Les portefeuilles des affaires étrangères, de l’économie, de la protection de l’environnement, de l’agriculture passeraient sous la haute main des investisseurs russes. Le vice-Premier ministre Čačić estime qu’une telle répartition des compétences apporterait de nouveaux gains de productivité à la Croatie.
"Tous les gouvernements précédents ont démontré qu’en Croatie il n’existe pas de bons cadres dirigeants, ou si l’on veut que l’Etat ne fonctionne pas lorsqu’il est dirigé par des cadres exclusivement autochtones. En ce sens, l’arrivée de partenaires russes signifierait une avancée majeure vers une meilleure gouvernance", affirme Čačić.
Source : lupiga.com, le 30 mars 2012.