Mieux vaut la guerre que le pacte !
Dans ce numéro d’ « Action directe » nous consacrons une partie au thème du soulèvement populaire et du coup d’Etat militaire du 27 mars 1941. Non pas seulement parce que d’ici quelques jours aura lieu l’anniversaire de cet événement, si important dans notre histoire, non pas seulement parce que les truands au pouvoir font tout pour tenter de discréditer et de détourner le sens des événements historiques afin de justifier leurs crimes de guerre, leurs pillages et privatisations, mais surtout parce que les événements du 27 mars sont un modèle de force et de détermination des peuples de la Yougoslavie d’alors pour ne pas plier devant les fripouilles fascistes et engager la lutte pour la liberté... coûte que coûte et en dépit d’un gouvernement fantoche.
Ce modèle nous devons tous l’avoir en tête et essayer de nous guider à sa faveur. La politique pro-nazie, que menaient alors les autorités yougoslave sous la férule du régent Paul de Yougoslavie et du gouvernement Cvetković-Maček, finit par aboutir à la signature du protocole sur l’adhésion de la Yougoslavie au Pacte tripartite du 25 mars 1941. Le peuple méprisa cette scélératesse. Indignation générale et refus d’un tel geste des collabos au pouvoir provoquèrent un coup d’Etat militaire, entraînant la démission du gouvernement et la proclamation comme roi de Petar II Karađorđević. L’autre facette furent des manifestations massives partout en Yougoslavie dont les plus amples se tinrent à Belgrade.
« Belgrade ressemblait à une ruche d’abeilles », racontent les témoins d’alors. Les manifestants saccagèrent les bureaux et les représentations de l’Allemagne nazie pendant que les foules scandaient dans la ville « Mieux vaut la guerre que le pacte » et d’autres slogans antinazis. Même les curés, ressentant l’élan antifasciste irrésistible des masses, s’insurgèrent contre les agresseurs, ce qui constitue une vraie rareté historique. Après ces changements du pouvoir et de la politique yougoslaves Hitler ne tarda pas à se lancer contre la Yougoslavie. Belgrade, bombardée le 5 avril dans la matinée, eut particulièrement à souffrir. Après la courte guerre dite d’avril, le Royaume de Yougoslavie succomba et subit le dépeçage.
Mais, quatre ans plus tard, les peuples de Yougoslavie, parachevant quatre années de lutte libératrice et la débâcle des nazis, venaient d’écrire les plus belles pages de l’histoire de notre peuple.
Le 27 mars nous enseigne qu’il existe toujours une alternative. Il nous enseigne qu’il existe toujours une autre solution que celle que les autorités essayent de nous servir. Les collabos, comme le prince Paul, une fois revenus de leur rencontre avec Hitler en 1939 en déduisirent que les Allemands étaient si forts que « le diable lui-même ne peut les vaincre ». Or il n’aura fallu que quelques années pour que les Allemands mordent la poussière de Berlin devant l’intervention de l’Armée rouge. La situation aujourd’hui est telle que nos gouvernants nous persuadent que nous n’avons que deux options : ou bien la Serbie dans l’UE comme membre périphérique d’une alliance impérialiste ou bien l’isolation de la Serbie au sein des intérêts de la sphère russe. Mensonge ! L’alternative révolutionnaire, ouvrière, existe toujours. Pour elle il convient de se battre !
Source : Direktna akcija, n° 10, 22 mars 2012.