La Pravda des Balkans prône un gouvernement technocratique pour la Serbie !
Elections en Serbie : Tadić ou Nikolić ? Plutôt voter blanc.
L’année électorale 2012, celle de tous les scrutins en Serbie, est officiellement lancée. Les législatives et les municipales auront lieu le 6 mai, et la date de la présidentielle sera connue le 7 avril au plus tard. Entre une coalition au pouvoir en bout de course et une opposition qui ne fait pas rêver, les électeurs se demandent bien pour qui voter. En tout cas, cette fois-ci, le « cadeau de Bruxelles » à Tadić ne devrait guère peser dans la balance.
Après les turbulentes années 1990 et leurs dirigeants qui n’ont fait qu’amener guerres et isolement, les citoyens serbes ont fini par opter à l’aube du nouveau millénaire pour des forces politiques qui leur promettaient l’adhésion à l’UE et une vie meilleure.
Pour cela, ils ont dû mettre de côté les indéniables points négatifs de leurs programmes. Aujourd’hui, quand l’obtention du statut de candidat arrive à la dernière minute, juste avant les élections, beaucoup y voient un cadeau fait à Boris Tadić, mais ils doutent que cela ait un effet positif, gardant en mémoire les gestes similaires de Bruxelles lors des scrutins précédents.
Boris Tadić n’était probablement pas conscient que le message qu’il avait tenu lors d’une élection antérieure allait à ce point se vérifier. Il avait dit qu’il n’était sûrement pas ce qu’il pouvait y avoir de mieux pour la Serbie, mais que jusque là personne de meilleur que lui ne s’était porté candidat. Depuis octobre 2000, quand les citoyens savaient ce qu’ils voulaient et qu’ils ont alors voté contre Slobodan Milošević, à chaque fois, c’est comme s’ils avaient à choisir le moindre mal, c’est-à-dire à choisir ceux qui n’allaient pas isoler le pays de nouveau.
Aucune alternative crédible
Cette fois-ci, selon l’analyste Boško Jakšić, le choix n’est plus à faire entre le bien et le mal. « Si lors des premières élections après la révolution d’octobre 2000, il y avait un vrai ‘bloc du mal’, aujourd’hui il est très difficile de dire qu’il existe encore. Des deux principaux partis, le DS et le SNS, aucun ne peut représenter ‘le mal’ absolu. Aujourd’hui, ’le mal’ c’est la sphère politique. ‘Le mal’ se trouve dans le manque de résultat du gouvernement et dans l’inexistence de programme consistant pour l’opposition. Comment sortir de cette impasse ? Je pense que le dilemme se trouve là. Ce qui démontre que nous avons au moins fait des progrès en comprenant qu’en politique, ‘le mal’ ne peut pas être une option. En tout cas pas une option électorale », explique-t-il.
Ils sont beaucoup à penser qu’aujourd’hui il n’y a pas d’alternative en Serbie. Boris Tadić en arrive à avouer aux citoyens que peut-être, « s’il n’était pas Président, lui aussi serait mécontent et amer ». Il essaie ainsi de leur faire comprendre que l’amertume ne mène à rien de bon. Ceux qui sont amers, car ils ne voient pas où les mènent les partis qui se battent pour arriver au pouvoir, l’annoncent : ils voteront blanc.
« On commence à se demander que faire de ces élections ? Choisir le moindre mal ou voter blanc. C’est là que se trouve le dilemme. Si le gouvernement actuel revient au pouvoir, j’ai le sentiment qu’il ne fera plus rien du tout et même qu’il créera plus de problèmes encore. D’un autre côté, si c’est la droite radicale qui gagne, on aura aussi un gros problème. Peut-être qu’à la fin des fins, cela permettrait à l’opposition de se consolider, d’enfin prendre le parti de mener une politique vraiment sérieuse », estime l’écrivain Saša Ilić.
La vraie menace aujourd’hui, c’est le nord du Kosovo
Effrayés par le spectre des années 1990 et par l’isolement, par la politique du Parti radical de Serbie que dirigeait alors Tomislav Nikolić [1], par la parenthèse Vojislav Koštunica [2] et par le « retour » du Kosovo dans la Serbie, les citoyens ont choisi lors des dernières élections ceux qui leur promettaient de rejoindre L’UE, ceux qui leur promettaient plus investissements et des salaires plus élevés. Sans jamais vraiment faire de leurs défauts un problème.
En 2008, c’est la signature de l’accord de stabilisation et d’association (ASA) et le contrat pour l’ouverture de l’usine Fiat à Kragujevac, obtenus par le DS juste avant les élections, qui ont apporté la victoire à Tadić. Aujourd’hui, s’il n’y avait pas eu l’obtention du statut de candidat, les démocrates et leurs amis du gouvernement n’auraient pas eu de quoi se battre. Néanmoins, « cela n’aura pas le même effet qu’en 2008 », prévient Boško Jakšić. « C’est un cadeau électoral fait à Tadić et à son parti pour leur permettre d’avoir quelque chose pour entrer dans la campagne électorale. Malheureusement, je doute que cet argument joue un grand rôle dans le choix des électeurs. »
Selon lui, Bruxelles n’a pas agi cette fois-ci par peur de voir Tomislav Nikolić arriver au pouvoir, mais plutôt à cause de la situation qui se dégrade au Kosovo. « Ils ont vu le gouvernement actuel perdre de son influence au nord du Kosovo. Ce sont des symptômes, qui, s’ils venaient à durer, montreraient que ‘le mal’, aujourd’hui refoulé, peut facilement revenir à la surface. Je pense que c’est cette peur de voir ces choses qui fermentent depuis longtemps revenir en force et la popularité des Dveri [3], dont on parle peu parce qu’elle donne une mauvaise image pour la Serbie, qui ont incité l’UE a dire ‘OK, on va aider Belgrade’ », assure Boško Jakšić.
Les premières signes montrent que la campagne ne verra s’affronter que des visages déjà bien connus. Il ne faut pas s’étonner de ne pas voir de nouvelles têtes, regrette le sociologue Ivan Kuzminović. « Le système fait en sorte que les déplacements verticaux au sein des partis soient impossibles. Le système politique se défend contre l’entrée de nouveaux acteurs. Ces nouvelles personnes, éventuellement une nouvelle élite, se cachent dans les facultés, dernière leurs ordinateurs, ou dans les ONG... De toute façon, la plupart des gens à fort potentiel sont déjà partis à l’étranger. Je pense qu’ils n’ont pas l’intention, et ils ont raison, d’entrer dans la vie politique locale car c’est un jeu malsain. C’est un marécage où aucune personne saine d’esprit ne devrait jamais mettre les pieds. »
[1] Tomislav Nikolić a pris la tête du SRS après que le dirigeant historique du parti, Vojislav Šešelj, se fut rendu au TPI en février 2003. En septembre 2008, il a rompu avec le SRS, qui refusait de prendre une option favorable à l’UE, pour créer sa propre formation, le Parti progressiste de Serbie (SNS)
[2] Premier Président de la Serbie post-Milošević (octobre 2000- mars 2003), Vojislav Koštunica a été ensuite Premier ministre pendant deux législatures, de mars 2003 à juillet 2008. Il avait dû convoquer des élections anticipées en mai 2008, sa coalition ayant volé en éclat après la déclaration unilatérale d’indépendance du Kosovo en février 2008
[3] Mouvement ultra nationaliste, comme Obraz ou Naši 1389
Source : balkans.courriers.info, le 14 mars 2012.
La Pravda des Balkans recommande à ses lecteurs serbes de voter pour une créature de Goldman Sachšić. Tout autre représentant démocratiquement élu par le peuple serbe sera considéré comme un imposteur !