L’Américain Morris Berman, spécialiste de l’histoire de l’Occident,
critique humaniste et gourou du mouvement des indignés, a averti
aujourd’hui que l’humanité est en train d’assister au « drame planétaire
de la désintégration du capitalisme ».
Berman a tenu ces propos lors du Hay Festival de Carthagène des Indes,
un rendez-vous littéraire et artistique hébergé depuis sept cent ans
par cette ville de Colombie, qui pour cette édition a cédé un espace au
mouvement planétaire des indignés.
« Après plus de 500 ans d’histoire, le XXIème siècle va supposer un
changement du capitalisme global ; tout est lié à ce détachement qui
s'opère lorsque l’air est cancérigène et la tête est constituée par les
Etats-Unis, nous avons là un changement, quand un organe est malade il y
a corruption, de là proviennent les manifestations », a prévenu le
professeur.
Pour Berman « la question est de savoir si ce système peut être corrigé
». Or sa réponse est claire : « s’il ne le peut pas, il lui faut se
désintégrer ».
Berman, auteur du livre « Les raisons de l’échec des Etats-Unis », fait
remarquer que la seconde option est la plus probable parce qu’en dépit
des leçons de la crise on n’a pas corrigé les erreurs du système. Il
cite comme exemple le fait que « Barack Obama a nommé comme conseillers
ceux qui sont à l’origine du problème, il a nommé ceux qui ont détruit
les choses ».
« Ces personnes qui ont quelque chose à voir avec la crise le font
désormais de façon plus agressive qu’auparavant. Cela va être pire, il
va y avoir un crash pire que celui de 2008 parce que les choses ne
peuvent pas continuer de la sorte ».
Lorsqu’on lui a demandé quel système allait émerger et quels seront les
leaders, Berman a préféré une boutade : « J’ai grandi comme historien,
pas comme prophète ».
Il se risque pourtant à dire que la décomposition passera par une plus
grande décentralisation du pouvoir dans un monde avec moins de pétrole
et d’autres ressources naturelles et que le système de gouvernement sera
la « démocratie participative ».
« Nous allons vivre d’une autre façon, il existe la possibilité d’une
plus grande décentralisation, de contrôles locaux, non pas le contrôle
de l’empire », a-t-il avancé.
Mais même s'il y a des perspectives, Berman a admis que le mouvement Occupy Wall Street
a «échoué» en dépit des bonnes intentions et d’avoir été une bonne
cause. Le fait est que les indignés new-yorkais ont insufflé au
mouvement plus d’énergie que d’analyse et qu’ils n’ont pas été stricts
dans les revendications.
Berman Morris, qui dans ses écrits d’avant l’année 2008 avait prédit
qu’il allait y avoir une grave crise financière aux Etats-Unis qui se
répercuterait au monde entier, estime qu’Occupy Wall Street a maintenant pour tâche « d’établir un miroir, ou si l’on veut, de dire comment nous voulons vivre dans le futur ».
« C’est mon espoir... qu’il serve de tradition que l’on conserve pour
savoir ce qui se passe, comme une bibliothèque de traditions », a-t-il
conclu.
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