La décision de ne pas poursuivre l'enquête pour corruption contre l'ancien Premier ministre croate entre 2003 et 2009, Ivo Sanader, doit faire réfléchir les représentants de la Commission européenne. Le feu vert donné en juin par l'Europe à l'accession à la mi-2013 de la Croatie à l'Union n'est pas irrévocable. Bruxelles est chargée de vérifier si l'une des conditions essentielles d'adhésion, la lutte à la corruption précisément, est dûment remplie.
Ivo Sanader, l'ancien président du parti au pouvoir à Zagreb, l'Union démocratique croate (HDZ) du défunt président nationaliste Franjo Tudman, est toujours derrière les barreaux. S'il a été blanchi dans l'affaire de la vente du groupe pétrolier et gazier national INA au géant énergétique MOL, il est visé par d'autres enquêtes pour pots-de-vin.
L'actuelle Premier ministre, Jadranka Kosor, qui appartient au même parti que son prédécesseur, est elle-même éclaboussée par les affaires. Placée en détention depuis juillet, l'ancienne comptable du HDZ a déclaré aux enquêteurs que, en 2005, la campagne présidentielle du Premier ministre en titre aurait été financée par des fonds obtenus illégalement.
Les médias croates ont rapporté que l'ancienne comptable du parti aurait versé des dizaines de millions de kunas en cash à des représentants du HDZ, dont plusieurs employés dans les ministères, à des permanents du parti ainsi qu'à des vedettes du spectacle, des chanteurs et des metteurs en scène. Il n'en fallait pas davantage pour jeter une ombre sur la promesse de Jadranka Kosor de combattre le fléau de la corruption. « On est en présence d'une campagne orchestrée afin de minimiser les chances du HDZ dans les prochaines élections », a-t-elle affirmé la semaine dernière.
Les Croates seront appelés aux urnes le 4 décembre prochain pour élire les 160 députés au Sabor (le Parlement croate) pour un mandat de quatre ans. Le sondage Hendal-HRT du 18 septembre donne gagnante la coalition quadripartite de centre-gauche Kukuriku, avec environ le tiers des intentions de vote. La HDZ serait en chute libre avec 10 %, contre 20 % il y a à peine un mois.
Source : lesechos.fr, le 21 septembre 2011.
Toute idée d'honnêteté la fait dégainer plus vite que son ombre