posté le 08-09-2011 à 20:52:00
I. "Nous avons capturé les Croates Zoran et Jura, je crains que les choses ne s'annoncent mal pour eux"
Le pénible voyage à travers la Tunisie torride devait s'achever par une rencontre avec Zafir, le chef des rebelles de Tripoli. En effet, les postes de l'armée tunisienne forment un épais quadrillage et les contrôles de documents se sont avérés atrocement irritants.
J'ai fait la connaissance de Zafir par téléphone mais j'ignore à quoi il ressemble. Par chance lui me reconnaît et il m'attrape aussitôt dans une accolade.
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Pourquoi t'es nerveux, l'ami ? il me serre et rit.
Tu sais, quand tu entres en Libye, t'as pas intérêt à être nerveux. Ca ne sert à rien. La dernière fois j'ai attendu sept jours dans la colonne pour remplir le réservoir d'essence. Mais cela a valu la peine, enfin nous sommes libres. Nous nous sommes installés dans le véhicule de Zafir et avons attendu encore quelques heures avant d'enfin fouler le sol libyen et de continuer à rouler en direction de la ville de Zoara. Là-bas Zafir m'a arrangé une rencontre avec Abdulah Abu Kashas, le commandant des rebelles de cette ville. C'est justement dans cette ville que deux ressortissants croates accusés d'être des mercenaires de Kadhafi ont été arrêtés. Au poste à l'entrée de la ville celui-ci nous attendait fin prêt. Tout en prenant place sur le siège arrière à côté du garde du corps Abu Kashas me salue puis il s'adresse à Zafir :
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Quittons cette route parce qu'elle n'est pas sûre. Il en existe encore qui nous tirent dessus. Hier ils ont canardé un de mes combattants. Par chance il n'est que légèrement blessé - raconte Abu Kashas. Et pendant que nous entrons dans la ville, il montre de la main :
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Voilà, ici des combats acharnés ont eu lieu parce qu'en plus des soldats de Kadhafi nous avons été attaqués par des mercenaires. Une superbe Ukrainienne -
D'où viennent-ils ?, ai-je demandé.
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Mais de partout. Des pays africains, de Russie, de Biélorussie, d'Ukraine... -
Et de Croatie ?, l'ai-je coupé.
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Nous tenons deux prisonniers, d'après ce que je sais. L'un s'appelle Zoran et l'autre Jura. Mais ils n'avaient pas de documents sur eux parce que Kadhafi confisque tous les documents aux mercenaires afin qu'ils ne puissent pas s'enfuir, explique Abu Kashas. Puis il ajoute :
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On trouve de tout parmi les mercenaires mais j'ai surtout été interloqué lorsque nous avons arrêté un groupe d'Ukrainiens, parmi lesquels se trouve une superbe Ukrainienne. Elle était tireur d'élite et lorsque je lui ai demandé comment une aussi jolie femme peut être une tueuse, elle m'a répondu que pour autant d'argent reçu n'importe qui peut être tueur. -
Et qu'en est-il des deux Croates !?, ai-je poursuivi pour le ramener au sujet.
Où sont-ils maintenant ? -
Ils ont été ici pendant trois jours avant d'être amenés à Tripoli pour de plus amples interrogatoires. Maintenant ils sont sous la responsabilité du Conseil national libyen. -
Sait-on d'où ils viennent, de quelle partie de la Croatie ? -
J'ai discuté avec eux en anglais car ils parlent parfaitement l'anglais, mais ils n'ont pas voulu dire de quel endroit de la Croatie ils sont originaires, explique Abu Kashas. Ils disent qu'ils sont venus dès que le conflit a éclaté, qu'au début ils ont reçu quatre mille euros par mois et que leur salaire devait être augmenté d'encore mille euros, cela justement lorsque nos forces sont entrées à Tripoli. A ce moment des appartements, des voitures, des lingots d'or... leur avaient été promis. Des professionnels bien bâtis
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Est-ce qu'ils ont cru pouvoir gagner cette guerre ? -
Oui et c'est ce qui est le plus tragique. Certains ont reconnu qu'ils ne s'attendaient pas à une telle résistance et qu'ils pensaient que tout s'achèverait rapidement. C'est pourquoi on en dénombre autant. Rien que dans la ville de Zoara on en a arrêté 150. -
A quoi ressemble ceux venus de Croatie ?, ai-je cherché à savoir.
Des gars ordinaires, complètement paumés, ou bien des professionnels. -
Des gars ordinaires ma parole ! De vrais chiens de guerre. Baraqués, surentraînés. -
Et qu'est-ce qui va leur arriver ? Quel sort les attend ?
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S'il est prouvé qu'ils ont tué, ils seront jugés en vertu de la loi libyenne, ce qui signifie la peine de mort. Malheureusement tellement de gens innocents ont été tués rien que dans cette ville que je doute qu'ils prouvent leur innocence, dit encore Abu Kashas.
Source :
vecernji.hr, le 8 septembre 2011.