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Titre du blog : Balkanikum
Auteur : Balkanikum
Date de création : 14-08-2008
 
posté le 02-07-2011 à 10:45:09

500.000 signataires pour la vérité sur les tués et disparus des Balkans
 

Une pétition pour que toute la lumière soit faite sur ce qui est arrivé aux victimes des conflits des années 90 dans les Balkans a été lancée par un collectif de quelque 1500 ONG. Cinq cent mille personnes l'ont signée.

Cinq cent mille personnes dans les Balkans occidentaux ont signé d’avril à juin une pétition pour que toute la lumière soit faite sur ce qui est arrivé aux victimes des conflits des années 90 et établir une liste des personnes disparues.

L’objectif des organisateurs de cette initiative régionale inédite, parainnée par un collectif de quelque 1500 ONG, est simple et ambitieux: établir la liste exhaustive des victimes des guerres en Croatie, en Bosnie, au Kosovo, déterminer les circonstances de leur mort, mais aussi recenser toutes les personnes disparues.

"Les noms de chaque personne ayant péri dans des crimes de guerre ou au combat seront répertoriés, ainsi que les circonstances dans lesquelles elles ont été tuées", a expliqué à Natasa Kandic, une personnalité serbe de premier plan sur la question des crimes de guerre commis dans l’ex-Yougoslavie et l’une des principales initiatrices de la pétition.

Il en sera de même pour les personnes disparues, dont le nombre est évalué dans la région à quelque 15.000.
"Notre vision est d’en finir une fois pour toutes avec cette pratique dans les Balkans qui consiste à manipuler les chiffres sans jamais citer les noms des victimes", ajoute-t-elle.


"La balle est dans le camp des Etats issus de l’ex-Yougoslavie"

Natasa Kandic et les organisateurs de la pétition considèrent que la balle est désormais dans le camp des Etats issus de l’ex-Yougoslavie pour mettre en place une Commission régionale (Recom) chargée d’établir toute la vérité sur les victimes des guerres des Balkans.

Elle espère que cette Commission sera mise en place au début de 2013.

Les présidents serbe et croate, Boris Tadic et Ivo Josipovic, ainsi que les plus hauts responsables du Monténégro, la Commission et le Parlement européens ont vivement soutenu cette initiative.

Les citoyens en Slovénie, Croatie, Serbie, Bosnie, Monténégro, Macédoine et Kosovo étaient invités à signer la pétition.
Beaucoup de jeunes ont répondu à l’appel, selon les organisateurs.

L’initiative a été bien suivie au Kosovo (1,7 million d’habitants) avec 100.000 signatures, en Serbie (270.000 signatures pour environ 7,5 millions d’habitants), au Monténégro (30.000 signatures pour 600.000 habitants) et en Bosnie (90.000 signatures pour 3,8 millions d’habitants).





"Pour pouvoir se tourner vers l’avenir"

"Il faut voir ce qui est arrivé à ces pauvres gens, comment ils ont péri et fermer ce volet à jamais pour pouvoir se tourner vers l’avenir", a déclaré Branko Kokic, un étudiant de 19 ans, à Belgrade, après avoir signé la pétition.

Pour Yll Vuthi, 17 ans, à Pristina, "la vérité doit être établie, onze ans après la guerre (au Kosovo, en 1998-1999). Nous ne savons ni ce qu’a été la destinée des disparus, ni les responsables (...) J’ai signé (la pétition) pour que de telles choses ne se reproduisent plus jamais".

L’Association kosovare des familles des disparus s’est néanmoins opposée à l’initiative.

"On s’efforce indirectement d’aider la Serbie à effacer sa responsabilité pour les tragédies provoquées dans les Balkans", a estimé Sheremet Ademi, l’un des militants de l’Association.

"Etablir quelque chose qu’on connaît déjà n’a aucun sens. Tout cela est fait pour les intérêts purement personnels et ceux de la Serbie. Nous, les victimes, savons très bien ce qui s’est passé", a déclaré Hatidza Mehmedovic, présidente de l’association "Les mères de Srebrenica" à Sarajevo.


Croatie réticente

En Croatie, la signature de la pétition n’a eu qu’un effet très limité avec 20 000 signatures.
"Il existe (en Croatie) une résistance à toute initiative régionale (...) Les gens ne veulent aucun souvenir provenant de notre passé commun, même si les crimes commis exigent une approche régionale", a estimé Mme Kandic.

"Nous devons nous acquitter de cette tâche pour toutes les victimes et les générations à venir afin qu’elles ne soient pas à nouveau dans une situation où le souvenir du passé produira la haine et les conflits", a-t-elle conclu.


Source : 24heures.ch, le 2 juillet 2011.