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Titre du blog : Balkanikum
Auteur : Balkanikum
Date de création : 14-08-2008
 
posté le 30-06-2011 à 17:41:10

Milorad Dodik veut la peau de la Bosnie-Herzégovine !


La Bosnie-Herzégovine n’a toujours pas de gouvernement. Le président de la république serbe de Bosnie, Milorad Dodik, savoure les échecs successifs de médiations de l’Union européenne et appelle à corps et à cri à l’indépendance. Un discours qui trouve écho dans la population serbe mais aussi bosniaque et croate.

Slavko Kukić ne sera pas Premier ministre de la Bosnie-Herzégovine. Vendredi dernier, sa nomination, proposé par les trois présidents du pays, a été rejetée par le Conseil des ministres. La Bosnie est dépourvue de gouvernement depuis maintenant 9 mois. Les représentants des trois ethnies qui la composent, Croates, Bosniaques et Serbes, ne parviennent pas à s’entendre pour nommer un chef de gouvernement. Le président des Serbes, Milorad Dodik, y voit un signe de plus de l’incapacité de ce pays à fonctionner et réclame une fois encore plus d’autonomie pour la Republika Srpska, la République serbe de Bosnie.

« La Bosnie dans sa configuration actuelle ne peut pas survivre », assure le président de la Republika srpska. « Nous allons demander aux autorités que le pouvoir soit transféré à un niveau local. » C’est le seul moyen pour Milorad Dodik de sauver le pays. Il assure vouloir travailler avec les Croates et les Bosniaques pour que chacun bénéficie de cette politique et en tire les fruits d’une politique adaptée à sa propre population. Seules les affaires étrangère, la défense et la stratégie monétaire seraient décidées en commun.

Un échec pour l’Union européenne qui joue toujours les médiateurs entre les trois peuples bosniens. Catherine Ashton, la Haute représentante aux Affaires étrangères de l’UE s’était pourtant réjouie début juin d’avoir dissuadé le président serbe d’organiser un référendum pour réclamer l’indépendance. L’intégration européenne est la dernière des priorités pour les Bosniens qui souhaiteraient d’abord trouver une solution à leur épineux problème. Force est de constater que les discours séparatistes des politiciens trouvent écho chez les citoyens qui se reprochent les uns les autres faiblesses sociales et économiques.

La peur de l’autre reste omniprésente et Milorad Dodik joue dessus. Pour lui, la Bosnie-Herzégovine est « dominée par les musulmans » et la capitale, Sarajevo, est « ethniquement pure ». La réalité sur le terrain n’en est pas très éloignée, les différentes communautés refusant spontanément de se mélanger : les Serbes préfèrent se cantonner dans les régions où ils sont majoritaires, Banja Luka en étant le coeur économique, politique et universitaire tandis que les Bosniaques occupent largement Sarajevo et sa région.

Le Haut représentant pour la Bosnie, Valentin Inzko, persiste à dire qu’une séparation en trois entités autonomes serait fatale à la sécurité de la région. Engagé dans un bras de fer médiatique avec Milorad Dodik, il a le pouvoir dans le cadre de son mandat de le limoger. S’il assurait début juin que « toutes les options existent », il sait que le président de la Republika Srpska est trop soutenu par les lobbys serbes et par la population et que sa destitution serait considérée comme un ingérence inacceptable.

par Romain Mielcarek

Source : veterans-jobs-center.com, le 29 juin 2011.

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