Dans une interview pour
le journal Dani, Robert Jandrić répondait en son temps à la question sur la formation du groupe et sur la position antiguerre défendue dès l'origine.
Jandrić : A l'époque c'était la seule position que l'on pouvait défendre, parce que nous avions vu ce qu'était la guerre. En particulier ceux qui ont eu la chance ou la malchance d'être des réfugiés ont pu le voir. A Travnik, pendant un an et demi, j'ai assisté au bombardement effectué par l'Armée de la Republika Srpska, mais en même temps j'ai vu les premiers moudjahidines ainsi que les milices [croates] de l'HOS qui en passant tiraient dans les rues, il m'est donc parfaitement apparu que ces armées sont mauvaises et que le peuple ordinaire est littéralement contraint de combattre pour les folles idées de tel ou tel. Il n'y avait pas d'autre façon de raisonner et de considérer le monde. [Toutefois] quelqu'un qui grandit dans une société mixte où tous les gens appartiennent à différents groupes nationaux, ce qui après tout ne se voyait pas jusqu'à un beau jour dans les années 1990 où quelqu'un ne s'est mis à comptabiliser et à partager les gens, ne peut pas tout d'un coup commencer à haïr quelqu'un d'autre, à haïr tout un peuple ou tout un pays. Et si tu ne veux pas te déclarer comme membre d'un certain groupe national, comme recrue d'un parti politique, si tu t'opposes à tout cela, la réponse logique à l'âge de l'adolescence était le punk, la négation de toutes ces autorités irrationnelles.