BELGRADE - Le procureur du Tribunal pénal international (TPI) pour
l'ex-Yougoslavie, Serge Brammertz, s'est déclaré mécontent des efforts
de la Serbie pour retrouver Ratko Mladic, l'ancien chef militaire des
Serbes de Bosnie, en cavale depuis des années.
En ce moment, je
ne suis pas satisfait, a déclaré M. Brammertz à la chaîne de télévision
B92, d'ordinaire beaucoup moins direct dans ses propos à la presse.
Le
Procureur du TPI est arrivé mardi après-midi à Belgrade pour examiner
les activités des autorités serbes entreprises en vue de localiser et
capturer Ratko Mladic, et l'ancien leader des Serbes de Croatie, Goran
Hadzic.
Tous deux sont inculpés par le Tribunal et en cavale
depuis des années. La Serbie assure faire tout son possible pour
retrouver les deux hommes.
Cette visite de M. Brammertz à
Belgrade intervient quelques semaines avant qu'il ne présente son
rapport au Conseil de sécurité de l'ONU sur la coopération de la Serbie
avec le TPI.
Si je suis satisfait de ces activités, je l'écrirai
dans mon rapport, mais en ce moment je ne suis pas satisfait, a-t-il
souligné.
J'examinerai toutes les activités concrètes qui ont été
entreprises, j'écouterai afin de déterminer quels efforts concrets ont
été engagés pour arrêter Mladic et Hadzic, a poursuivi M. Brammertz.
Le
rapport de M. Brammertz sera lu très attentivement aussi à Bruxelles,
qui fait de la coopération de Belgrade avec le TPI l'une des principales
conditions à la poursuite du rapprochement de la Serbie à l'Union
européenne (UE).
Le rapport du mois de juin sera le dernier avant
que la Commission européenne ne se prononce, le 12 octobre, sur
l'octroi éventuel à la Serbie du statut de pays candidat à l'adhésion à
l'UE.
En début de semaine, une délégation parlementaire
néerlandaise a séjourné à Belgrade pour se rendre compte sur place des
progrès enregistrés par la Serbie pour remplir les conditions
nécessaires avant d'obtenir le statut de candidat à l'UE.
Les
autorités serbes doivent convaincre Brammertz qu'elles font tout leur
possible pour arrêter Mladic et Hadzic de façon à obtenir un feu vert au
statut de candidat, a déclaré à l'AFP Han Ten Broeke, député au
parlement néerlandais.
Les deux derniers rapports (de Brammertz)
étaient négatifs et la Serbie doit effectuer un tournant à 180 degrés si
elle souhaite un rapport positif. Elle a quatre mois pour le faire, a
averti M. Ten Broeke.
Brammertz n'est pas convaincu qu'il
n'existe pas un Abbottabad en Serbie, a déclaré un autre député, Henk
Jan Ormel, se référant à la ville pakistanaise où les forces américaines
ont localisé et tué Oussama Ben Laden. Le chef d'Al Qaïda vivait reclus
dans cette ville-garnison située non loin d'Islamabad.
Selon M.
Ormel, la Serbie doit prouver qu'aucun ex-membre de la police ou de
l'armée n'est engagé dans la protection et l'aide de Mladic dans sa
cavale.
M. Brammertz doit rencontrer à Belgrade le président
Boris Tadic, le ministre de l'Intérieur Ivica Dacic, le procureur pour
les crimes de guerre Vladimir Vukcevic et des membres des services de
renseignement serbes.
Source : romandie.com, le 10 mai 2011.