Au Monténégro la première Gay Pride est prévue pour le 31 mai, et un soutien indirect est venu de la part du métropolite de l'Eglise orthodoxe monténégrine, Mihailo Dedeić, qui dans sa déclaration émise à l'occasion de la Marche des Fiertés a souligné le droit de chaque individu à la liberté et a lancé un appel pour qu'il n'y ait pas de troubles ni de violences.
Dans le cadre du rapprochement mené à grande allure entre l'Union européenne et le Monténégro, on constate que ce pays a commencé à s'occuper des droits des gays et des lesbiennes après de longues années de silence.
C'est ainsi que ces derniers mois on s'y est mis à préparer les activistes locaux ainsi qu'à sensibiliser l'opinion publique et les institutions de l'Etat sur les problèmes que rencontrent les personnes LGBT au Monténégro. L'Etat a joué un rôle constructif à tous ces niveaux, même si l'on a constaté des problèmes et des dérapages par ailleurs prévisibles, comme par exemple la déclaration du Ministre pour la Protection des Droits de l'Homme et des Minorités, Ferhat Dinoša, qui s'est montré hostile à la possibilité qu'ait lieu une Marche des Fiertés au Monténégro.
Pour autant, celle-ci est prévue pour le 31 mai et elle sera organisée avec le plein appui et concours des institutions de l'Etat. En même temps a été lancée une campagne publique dont le but est de faire prendre conscience aux Monténégrins que parmi eux il en existe (jusqu'à 10%) qui aiment les personnes du même sexe mais qui pour cette raison sont confronté(e)s à de nombreux problèmes et sont discriminé(e)s.
La campagne a pour slogan "Ni plus ni moins, les mêmes droits pour tous", et elle comprend des spots de promotion qui sont diffusés sur la Télévision publique monténégrine.
A présent les organisateurs de la première Marche des Fiertés monténégrine ont reçu un appui indirect et inattendu de la part du Métropolite de l'Eglise orthodoxe monténégrine, Mihailo Dedeić. En effet, interrogé sur la tenue de la Gay Pride, ce dernier a répondu ceci : "Dans un pays libre les gens sont libres de s'exprimer librement. Je suis un homme libre et je peux raisonner comme bon me semble, par conséquent je n'ai aucunes réserves particulières à ce sujet. Je me borne à demander qu'il n'y ait pas de désordre dans la rue, rien de plus."
En un mot, le métropolite Mihailo Dedeić a appelé à ce que l'on évite la violence telle qu'elle avait été organisée pa l'extrême droite lors de la première Marche des Fiertés à Belgrade, mais aussi, en soulignant la liberté de tout un chacun, il a confirmé le droit des personnes homosexuelles à l'égalité de traitement.
Il convient de rappeler qu'Amfilohije, le métropolite monténégrin de l'Eglise orthodoxe serbe (qui ne reconnaît pas l'Eglise orthodoxe monténégrine comme indépendante et autocéphale), avait envoyé des messages aux antipodes lorsqu'il s'agit des droits des personnes LGBT.
L'année dernière, avant que ne débute la Marche des Fiertés à Belgrade, Amfilohije avait conclu qu'elle est un signe "d'effondrement spirituel" ainsi que "de catastrophe et de faillite de notre civilisation". Après les émeutes organisées à Belgrade le jour de la Gay Pride, il était allé encore un pas plus loin: "Voila, nous avons vu quelle puanteur a empoisonné et pollué la capitale Belgrade, la plus grande puanteur sodomite que cette civilisation moderne a haussé sur le piédestal de la divinité. Cette puanteur a empoisonné Belgrade, la ville de la Très Sainte Vierge." En Serbie des voix s'étaient faites entendre pour demander ses excuses, mais elles n'ont jamais été prononcées.
Le gouvernement monténégrin n'accorde pas une trop grande importance à Amfilohije et il a publiquement soutenu l'organisation de la Marche des Fiertés au Monténégro, en énonçant dans un communiqué que l'appui apporté à cet événement reflète l'adhésion aux valeurs européennes de tolérance et d'égalité.
Le Parti démocratique socialiste (DPS), qui occupe le pouvoir au Monténégro, a appelé son électorat à assister à la Marche des Fiertés de Podgorica. La preuve que le gouvernement aborde la chose avec sérieux est que la police a commencé à convoquer pour des entretiens d'information tous ceux qui ont ouvert des groupes homophobes sur Facebook, tels que "Stop à la marche de la honte" et d'autres.
Bien entendu, tout cela montre que les gays et les lesbiennes vivant au Monténégro doivent s'attendre à un long chemin en vue de leur émancipation. Cela vaut aussi pour la prise de conscience parmi la population sur l'importance à ce que tous les citoyens soient également traités. Quoi qu'il en soit, c'est un encouragement que d'avoir l'appui de l'Etat mais aussi de l'un des prêtres les plus puissants au Monténégro, le métropolite Mihailo.
Source : kontra-punkt.info, le 10 mai 2011.