posté le 23-04-2011 à 15:53:13
Le pouvoir croate était au courant des crimes de guerre
Zagreb - Le sommet de l'Etat croate était au courant des crimes de guerre commis contre des Serbes à la fin de la guerre de 1991-95 et pour lesquels deux généraux croates ont été condamnés à de lourdes peines de prison, a affirmé samedi l'ancien président croate, Stipe Mesic.
Il n'y a aucun doute (sur le fait) que le sommet de l'Etat était au courant de ces crimes, a écrit M. Mesic, président de la Croatie de 2000 à 2010, dans un article reproduit par le quotidien local Novi List.
J'étais présent lorsqu'un ministre à l'époque (...) avait rapporté à (Franjo) Tudjman (premier président croate, ndlr) que des villages serbes en Slavonie occidentale étaient incendiés, a écrit M. Mesic, sans révéler le nom de ce ministre.
Le Tribunal pénal international (TPI) pour l'ex-Yougoslavie a condamné le 15 avril deux anciens généraux croates, Ante Gotovina et Mladen Markac, à des peines de 24 et 18 ans de prison respectivement. Un troisième ancien général, Ivan Cermak, a été acquitté.
Les deux hommes ont été condamnés pour leur rôle dans l'opération Tempête des forces croates contre les séparatistes serbes de Croatie, soutenus par Belgrade, qui a précipité, en août 1995, la fin de la guerre.
Selon l'accusation, cette opération s'est notamment traduite par la mort de 324 civils ou soldats ayant déposé les armes et par le déplacement de force de 90.000 Serbes.
MM. Gotovina et Markac ont été condamnés par le TPI pour avoir participé à une entreprise criminelle commune dont l'ex-président Franjo Tudjman, mort en 1999, était un membre clé, selon le juge Alphons Orie.
Cette qualification d'entreprise criminelle commune a suscité une très vive émotion en Croatie. Elle a été dénoncée par les dirigeants du pays et par la puissante Eglise catholique croate.
J'étais fermement convaincu, et je le suis aujourd'hui encore, que nous avons eu besoin du Tribunal de la Haye (...) parce qu'il n'y a pas eu de volonté politique en Croatie pour juger les crimes de guerre qui se sont, sans aucun doute, produits de notre côté, a également écrit M. Mesic.
Franjo Tudjman, un nationaliste fervent qui avait dirigé la Croatie en maître absolu pendant les neuf premières années ayant suivi la proclamation de l'indépendance de l'ex-Yougoslavie, est mort le 10 décembre 1999, à 77 ans.
En novembre 2000, le TPI avait indiqué que Tudjman aurait été inculpé par cette Cour pour crimes de guerre s'il avait été encore en vie.
Source :
romandie.com, le 23 avril 2011.