Les raisons qui ont poussé le Réseau anarchosyndicaliste de Croatie (MASA) à rallier les manifestations de masse :
MASA du côté des masses contre la classe dirigeante
Ces jours-ci nous sommes témoins d'une flambée de manifestations à Zagreb. Mais alors que les deux premières manifestations ont été marquées par les acrobaties du voltigeur Ivan Pernar et la violence des casseurs, la troisième manifestation, datant du 28 février, est l'expression de la spontanéité et de la colère du peuple même. Quoique organisée par Pernar, la manifestation a dès le début marginalisé le rôle du "chef" et en a surpris plus d'un par son auto-organisation.
Le peuple a lui-même bien des raisons d'être mécontent. Les récentes propositions d'amendement de la Loi sur le travail et sa flexibilité grandissante, le chômage en hausse dû à la crise et à la politique néolibérale de "relance économique" menée par le gouvernement ainsi que la fermeture de postes de travail n'en sont que quelques-unes des raisons. Ces derniers temps se sont multipliés les cas tels que Kamensko, Jadrankamen, Uzor, HORA ou encore Elektromaterijal [des firmes en faillite ou sur le point de déposer le bilan, N.D.T.]. Les travailleurs se retrouvent au chômage sans ressources minimales tandis que les élites au pouvoir ou dans l'opposition nous parlent de l'importance d'adhérer à l'Union européenne. Pour eux l'entrée dans l'UE est une "sainte mission", plus importante que le peuple et que notre mécontentement.
Le but principal de ces manifestations est de renverser le gouvernement, c'est-à-dire le HDZ. Cela étant il convient de s'interroger sur le lendemain. Après cela viennent les élections anticipées et après elles la formation d'un nouveau gouvernement. Le plus probable est qu'il s'agira de la "coalition cocorico" qui, pour l'essentiel, ne va rien changer. Eux aussi ont comme leitmotiv principal l'entrée dans l'UE tandis que leur plan de sortie de crise va dans le sens d'une plus grande libéralisation et d'une réduction des droits des travailleurs. Après tout, certains de leurs leaders sont des représentants du grand capital qui lors de leur dernier mandat ont ardemment travaillé à l'apauvrissement du peuple.
Dans cette vague de mécontentement généralisé, qui se reflète non seulement dans les rues de Zagreb mais aussi sur les lieux de travail, le désintéressement des syndicats n'a fait que montrer à quel point l'élite syndicale est acoquinée avec l'Etat et les employeurs. "La rue ne résoud rien" sont les mots de Krešimir Sever, un guignol syndical qui avec ses compères Ribić et Matijašević ont récemment trahi, dans les négociations avec le gouvernement, plus de 800.000 citoyens, signataires d'une pétition contre l'amendement de la Loi sur le travail. Où le syndicat résoud-il les problèmes si ce n'est dans la rue ou en luttant sur les lieux de travail !? Plutôt que de veiller à leurs fauteuils, les dirigeants syndicaux auraient dû depuis longtemps appeler à la grève générale. Nous croyons qu'il y a belle lurette que nous aurions dû réaliser que nos problèmes ne seront pas résolus par le gouvernement, les partis politiques ou les syndicats. Il n'y aura personne pour régler nos problèmes à part nous-mêmes.
Le Réseau des anarchosyndicalistes de Croatie (MASA) salue la révolte du peuple, toutefois nous pensons qu'il ne faut pas en rester au simple désir de remplacer le gouvernement. Les troubles sociaux actuels peuvent servir de semence pour organiser dans la lutte les travailleurs, les étudiants, les paysans et tous ceux privés de leurs droits. Cette lutte doit être fondée sur les principes de la démocratie directe dont a accouché le combat étudiant à travers l'Europe et le monde. Il est nécessaire de porter la lutte sur les lieux de travail, car ce n'est qu'alors que nous pourrons parler de la possibilité de changer l'ordre existant.
Pour ces raisons nous vous appelons à la manifestation qui aura lieu mercredi le 2 mars à 18h00 sur la Place des Fleurs.
Ensemble nous sommes plus fort ; organisons nous !
Le groupe local zagrébois du Réseau des anarchosyndicalistes de Croatie.
Source : masa-hr.org, le 3 mars 2011.