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Titre du blog : Balkanikum
Auteur : Balkanikum
Date de création : 14-08-2008
 
posté le 25-01-2011 à 14:36:16

Depuis quelques jours le journal croate Večernji list s'intéresse aux personnes qui ont reçu des appartements de la part du ministère de la Défense de la République de Croatie au début des années 90 pour services rendus durant la guerre. Il semblerait qu'un de leurs journalistes est tombé sur une source d'information dont le journal s'amuse à livrer des détails à petite dose. S'agissant de Jadranka Kosor, la Premier ministre, j'ai déjà parlé sur ce blog de la façon dont elle est entrée en possession de son appartement actuel lorsqu'elle avait fait déloger une famille serbe grâce à ses parrains d'alors. Jadranka Kosor a participé à la défense de son pays... loin des combats. Son cas n'est pas vraiment une révélation, par contre il y a d'autres noms fameux de la politique croate qui sont un peu gênés aux entournures ces jours-ci. Par exemple Nadan Vidošević, récent candidat malheureux à la présidence de la République de Croatie et actuel président des chambres de commerce, a obtenu un appartement pour service rendu durant la guerre d'indépendance croate à laquelle... il n'a pas participé. Un cas un peu plus anecdotique qui nous replonge dans l'histoire est celui-ci :

Le 9 décembre 1993, le Ministère de la Défense a pris une décision pour le moins controversée lorsqu'il a octroyé un appartement à Dane Šarac
 

Cet ancien volontaire de l'armée oustachie est rentré en Croatie au début des années 90, gravement invalide et âgé de 65 ans. L'armée en question, du moins celle qui a défendu la Croatie, n'a pas été engagée, et on peut donc se demander en quoi Šarac avait-il mérité d'obtenir un appartement du ministère de la Défense d'une surface de 95 m² dans la rue Zadravečka située dans le quartier zagrébois de Dubrava. Quoiqu'il en soit une note spéciale où figure son nom justifie que : "M. Šarac Dane a été membre de l'Armée de la patrie croate [Oustachis et Garde nationale, N.D.T.] entre le 1.8.1943 et le 15.5.1945.".

Dane Šarac est né en Herzégovine, tout près de Čitluk, et c'est à peine âgé de 16 ans qu'il se porte volontaire dans l'armée oustachie. Après l'effondrement du NDH, il survit à la tragédie de Bleiburg et aux chemins de croix. Cependant en 1947, l'OZNA [la police secrète qui deviendra plus tard UDBA, N.D.T.] le jette en prison et le condamne à dix années de travaux forcés. Après avoir recouvré sa liberté Šarac va rapidement trouver réfuge en Italie puis en Allemagne. Là il ne tarde pas à se lier aux émigrés les plus radicaux et à intègrer la cellule allemande de la Confrérie révolutionnaire croate. La Confrérie était réputée pour être absolument imperméable à toutes les tentatives d'infiltration des agents de l'UDBA. Cette activité dans l'émigration pendant les années 70 va presque lui coûter la tête. En effet, l'UDBA parvient à le localiser et elle envoie des tueurs à ses trousses. Ils lui mettent 22 balles dans la peau ! Gravement blessé, Šarac survit néammoins à la tentative de meurtre mais ne s'en tire pas sans séquelles durables. De fait, il sera privé d'une partie de lui-même pour le restant de ses jours. Au début des années 90 il rentre en Croatie.

D'après certaines sources, son retour a été organisé par ceux-là mêmes qui avaient cherché à lui régler son compte. Il est dit qu'il est rentré en Croatie en compagnie de Franjo Bareta et Miro Barešić. Peu de temps après Barešić a trouvé la mort dans la Guerre d'indépendance croate tandis que Franjo Bareta a récemment été cité dans le cadre du procès allemand à l'encontre de Krunoslav Prates en raison du meurtre de Stjepan Đureković en 1983. [Un procès qui lui a valu la réclusion à perpétuité, N.D.T.]

L'histoire de la vie agitée du jeune oustachi et émigrant croate nationaliste s'achève en 2002. Ce jour-là Dane Šarac meurt à l'âge de 76 ans.




Ministarstvo obrane 9. prosinca 1993. godine donosi, najblaže rečeno, kontroverznu odluku i stan dodjeljuje Dani Šarcu
 

 


Taj bivši dobrovoljac ustaške vojske u Hrvatsku se vraća početkom devedesetih kao teški tjelesni invalid u 65. godini života. Vojsku, barem onu koja je branila Hrvatsku, nije služio, stoga je pitanje čime je to Šarac zaslužio MORH-ov stan površine 95 četvornih metara u Zadravečkoj ulici u zagrebačkom naselju Dubravi. Odgovor na to pitanje nalazi se u posebnoj napomeni uz njegovo ime, gdje piše: "G. Šarac Dane je bio sudionik Hrvatske domovinske vojske od 1. 8. 1943. do 15. 5. 1945.".

Dane Šarac rođen je u Hercegovini, pokraj Čitluka, a još kao šesnaestogodišnjak prijavljuje se u ustašku vojsku. Nakon kraha NDH, preživio je bleiburšku tragediju i prošao Križni put. No, svega nekoliko godina poslije, 1947. godine, tadašnja Ozna strpala ga je u zatvor i osudila na deset godina robije. Nedugo nakon puštanja, Šarac bježi u Italiju, pa u Njemačku. Ondje se vrlo brzo povezao s najradikalnijim emigrantima i učlanio u njemačku ćeliju Hrvatskog revolucionarnog bratstva (HRB). Bratstvo je bilo na glasu kao apsolutno neprobojno za sve pokušaje infiltracije agenata Udbe. Emigrantski ga je rad sedamdesetih godina zamalo stajao glave. Naime, Udba ga je locirala i za njim poslala "kilere". Prostrijelili su ga s čak 22 metka! Teško ranjen, Šarac je pokušaj ubojstva ipak preživio, no ne bez trajnih posljedica. Naime, dio tijela ostao mu je zauvijek oduzet. Početkom 90-ih vraća se u Hrvatsku.

Prema nekim izvorima, njegov su povratak režirali isti oni koji su mu do tada radili o glavi. Navodi se da se u Hrvatsku vratio u društvu Franje Gorete i Mire Barešića. Barešić je nedugo potom poginuo u Domovinskom ratu. Ime Franje Gorete, pak, spominjalo se nedavno u sklopu njemačkog suđenja Krunoslavu Pratesu zbog ubojstva Stjepana Đurekovića 1983. godine.

Priča o burnom životu maloljetnog ustaše i ekstremnog hrvatskog emigranta završava 2002. godine. Dane Šarac umire u 76. godini života.

 

 

Source : vecernji.hr, le 25 janvier 2011.