Le festin des orthodoxes
Hier des sportifs serbes étaient agressés à Zadar.
Aujourd'hui ce sont des supporters grecs à Zagreb. (video)
Nous n'avons pas encore entendu la Premier ministre Jadranka Kosor condamner ces actes. Et même si elle le faisait, serait-elle crédible, elle qui qualifie Tuđman de visionnaire ???
Justement que faut-il penser des déclarations de Jadranka Kosor lorsqu'elle dit que Tuđman est un visionnaire qui a toujours eu pour objectif de replacer la Croatie dans le giron des "démocraties occidentales" ?
D'abord précisons qu'il ne s'agit pas d'une déclaration isolée mais qu'au contraire J. Kosor recourt constamment à ce leitmotiv lorsqu'elle se réfère à Franjo Tuđman. En faisant cela elle se sert d'un mensonge éhonté puisque Franjo Tuđman était tenu à l'écart des "démocraties occidentales" qui ne le fréquentaient qu'avec des pincettes. La meilleure preuve est qu'aucune de ces "démocraties occidentales" n'avait envoyé de représentants pour assister aux funérailles de Franjo Tuđman dont elles attendaient la mort avec impatience en raison de son rôle destructeur dans les Balkans et autoritaire en Croatie.
Auparavant oui, mais plus maintenant.
Comme je vous l'ai dit dans une note précédente, tous les chroniqueurs du Jutarnji list ont disparu, et j'ignore d'ailleurs où ils sont passés. Même si j'étais loin d'être d'accord avec tout ce qu'ils disaient, j'affirme qu'ils étaient nécessaires. Trempant constamment dans la politique, ces chroniqueurs disposent de plus d'informations que le lecteur et ils sont capables de recadrer l'actualité. En outre, habitués à écrire, ils sont aussi capables de construire une phrase avec un sujet, un verbe et un complément.
Désormais le Jutarnji list est devenu le journal du "Pogledajte to", le journal du "Regardez ceci". En effet, on n'y trouve plus que des vidéos et des photos accompagnées d'un petit texte explicatif. De quoi traitent ces "articles" ? Bien sûr, il y a les femmes à moitié dénudées, mais aussi l'information people, les faits divers, énormément de bizarreries, certaines amusantes d'autres moins, et beaucoup franchement macabres, le tout destiné à attirer l'attention justement parce que cela semble hors contexte, déplacé, étrange. On vient cliquer sur ces articles en se demandant mais qu'est-ce c'est encore que cette idiotie.
Non parce que Josipović et elle semblent depuis tout un temps sur la même longueur d'onde. Josipović ne rate plus une occasion de lui manifester son soutien et, à chaque fois qu'on lui demande, il souligne que Jadranka Kosor a été la première à mettre en avant la fameuse "tolérance zéro". En faisant cela il cesse d'être un facteur correcteur de la démocratie croate et il ment par omission. Certes Jadranka Kosor ne peut plus prononcer une phrase sans parler de la tolérance zéro, mais c'est oublier que pendant presque deux décennies elle a été nourrie et logée par l'organisme ayant mis en place toute cette corruption, c'est-à-dire par le HDZ. Et comme par hasard elle n'a rien vu, rien entendu et rien remarqué. Un véritable exploit assez ébahissant, sauf pour Ivo Josipović qui ne se laisse pas si facilement épastrouiller !
En agissant ainsi le président Josipović risque de très vite se couper de la population. Lui-même avoue qu'il fréquente régulièrement les ambassades étrangères. Il ferait mieux de prendre le pouls de la population. Il est vrai que la Croatie est devenue une sorte d'ambassado-cratie (si je peux me permettre de forger un nouveau mot), mais leur rôle est loin d'être positif. A cet égard les télégrammes de WikiLeaks sur la diplomatie américaine en ont surpris plus d'un par leur caractère souvent superficiel car on s'attendait à mieux de la part de professionnels. On peut aussi ajouter que leur focalisation obsessive sur la politique étrangère du pays qui les héberge vient vivement contredire la réputation des USA cherchant à promouvoir la démocratie, les droits de l'homme, les ONG, la société civile... De tout cela on ne trouve pas un mot dans leur correspondance avec Washington quand il s'agit des Balkans, comme si cette région n'était à leurs yeux que de la chair à canon.