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Titre du blog : Balkanikum
Auteur : Balkanikum
Date de création : 14-08-2008
 
posté le 23-11-2010 à 19:55:55

Pourquoi le gouvernement de Kosor est-il encore en place alors que presque plus aucun Croate n'en veut ?

 

Comme je vous l'ai dit dans une note précédente, ce gouvernement se maintient parce que cela arrange certaines puissances supérieures. Des puissances financières et technocratiques qui préfèrent avoir des marionnettes et des larves en face d'elles. Dans le cas de Kosor et des clowns qui l'entourent ces puissances sont on ne peut mieux servies. Il n'y a pas de plus grandes larves que Kosor et ses clowns. 

 

Toutefois la Croatie ne fait que s'inscrire dans un schéma plus large. Elle n'est pas l'exception, au contraire elle fait partie de la règle même si elle se distingue pas la déliquescence de son système. 

 

Que l'on regarde un peu la situation autour de nous :

On pourrait continuer à citer des exemples mais je voudrais en rester à l'Irlande dont on nous annonce qu'elle devra probablement vendre ses banques à des étrangers.


Si elle fait cela je n'hésite pas à dire que dans quelques années l'Irlande sera redevenue une colonie comme elle l'a malheureusement déjà été dans son histoire.

 

Qu'est-ce qui me permet de dire cela en toute arrogance ?

Premièrement mon arrogance et surtout mon expérience. En effet il y a déjà pas mal de temps que la Croatie est passée par le même processus, avec toutes les conséquences que l'on connaît. Le pays a vendu ses banques dans les années 90. Quant à moi je suis arrivé ici début 2000 et j'ai donc vu comment tout le reste partait à une vitesse sidérante.

 

Pourquoi ? Parce que les banques sont le coeur du système. Si vous les vendez, tout le reste partira avec comme des petits pains. Ou pour prendre une image, vendre ses banques c'est comme donner le bout d'une pelote de laine à un chat. Si vous faites cela, ce petit salaud se fera un plaisir de vous la dévider en un tour de main, ou plutôt en un tour de patte. C'est ce qui est arrivé à la Croatie, un pays où plus rien n'est croate, même si je ne suis pas sûr que tous les Croates en soient pleinement conscients. Dans le cas contraire ils descendraient dans la rue pour demander qu'on leur épargne au moins le spectacle immonde d'un gouvernement qui fait semblant de décider de quoi que ce soit, alors qu'il est tout au mieux perdu dans son inutilité coûteuse. Je dirais même très coûteuse dans un contexte d'appauvrissement généralisé. 

 

Pour en revenir à l'Irlande, si on avance l'idée de vendre les banques il se trouvera toujours des compatriotes, dans ce cas ci des Irlandais, pour prôner une telle solution et ainsi empocher, comme intermédiaire, des sommes qui équivalent à plusieurs milliers de vie de travail laborieux. Et tout cela en une seule opération ! Ensuite, lorsque les banques auront été vendues, il restera à vendre le reste de l'économie et c'est ici que les opérations, ou si vous voulez les affaires, pourront pulluler. 

 

Ce scénario est celui qu'a connu la Croatie et c'est ce qui explique pourquoi l'ancien Premier ministre, Sanader, est à ce point haï. Lui et ses gens ont vendu au cours de leurs six années de pouvoir ce qui restait à vendre en Croatie, un patrimoine qui avant leur venue était déjà entamé mais restait estimable.

 

Ensuite lorsque Sanader a été éliminé par les puissances financières et technocratiques qu'il avait si bien servies, celles-ci l'ont fait tomber. Parmi ces puissances, il faut très certainement citer la mère Merkel. Je rappelle que nous ne saurons probablement jamais comment ces gens ont contraint Sanader à se retirer. Et je rappelle aussi que ce processus de se débarrasser de l'homme de main après qu'il eut fait la sale besogne, dans ce cas-ci vendre son propre peuple tout en jouant les grands patriotes, est un vieux processus qui a été décrit à merveille par Machiavel dans son fameux livre "Le Prince". 

 

Toutefois l'histoire ne s'arrête pas là, et une abjection en chasse une autre. En effet, avant de partir, Sanader a nommé sa plus fidèle petite chienne pour lui succéder. Ici se pose la question de savoir s'il l'a fait de son propre choix ou si cela lui a également été imposé par les puissances supérieures dont la mère Merkel. Difficile à dire mais avec la mère Merkel tout est possible.  

 

Ce qui est sûr, c'est que dès que Jadranka Kosor a pris la place de son prédécesseur, elle a essayé de surfer sur cette vague de haine et de dépit que ce dernier inspirait désormais parmi la population. Car il faut savoir, si vous êtes étrangers, que dès le lendemain de sa chute Sanader est devenu l'homme le plus haï de toute la Croatie. Cette tentative de capitaliser sur la haine produite par Sanader s'appelle "la lutte contre la corruption". Il ne s'agit en fait que d'une pauvre prestation scénique qui est censée calmer la colère du peuple, légitimer la nouvelle chef, et faire définitivement place nette aux puissances qui contrôlent tout économiquement mais doivent encore s'emparer du contrôle politique de la Croatie. 

 

Cette prestation est toujours en cours à l'heure où j'écris, mais elle ne se déroule pas sans obstacle. Le pire obstacle, quasiment un exploit surhumain à franchir, est d'arriver à détacher la figure de Kosor de celle de Sanader. Cette manoeuvre est particulièrement difficile dès lors où pendant six ans cette pauvre petite chienne de Kosor lui a collé aux basques à chaque seconde pour récolter chaque miette de son pouvoir. On connaît d'ailleurs sa fameuse déclaration "Kud' Ivo, tud' i ja" (Là où va Ivo, là je vais), une déclaration qui à elle seule décrit à qui on a affaire. 

 

En définitive la haine contre Sanader attise la haine contre Kosor et inversément. Les deux sont pris dans une étreinte et nous verrons si Kosor arrive à sortir indemne de cet enlacement de larve.