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Titre du blog : Balkanikum
Auteur : Balkanikum
Date de création : 14-08-2008
 
posté le 18-11-2010 à 22:39:56

Aujourd'hui les Croates fêtent le 19ème anniversaire de la chute de la ville de Vukovar.

 

Récit d'une habitante 

 

Ce maudit automne à Vukovar. Tout juste âgée de 18 ans, elle était sur le seuil de la vie mais déjà elle avait perdu son mari avec lequel elle avait eu sa petite fille, âgée de cinq mois. Il a trouvé la mort dans un accident de la circulation alors qu'il prenait son tour de garde. C'est dans la cave qu'elle a attendu la chute de la ville. Elle et son bébé furent amenés à l'hôpital, puis de là au camp de concentration de Velepromet où se trouvaient déjà sa mère, son frère et sa soeur âgée de six ans. Les hommes furent séparés et son frère s'est retrouvé dans le camp de concentration de Stajićevo. Sa mère, parce qu'elle faisait partie de la Protection civile, fut amenée à la prison de Sremska Mitrovica, tandis qu'elle et sa petite soeur restèrent pour s'occuper de deux autres enfants encore plus jeunes. A bord d'un autobus elle sera expédiée dans la ville de Šabac pour travailler dans un village proche... traire des vaches, s'occuper des cochons... Dans l'étable elle a allaité le bébé et sa soeur, pour qu'ils s'en sortent et survivent. Ensuite ils l'ont ramenée à Vukovar, la ville était exactement comme elle. Une ruine.

Elle a bien tenté de se réfugier chez la soeur du père de son enfant, mais trois jours plus tard ils sont venus les chercher, elle, son enfant et sa soeur.

- J'ignore qui m'a trahie. Peut-être son mari à elle, un orthodoxe - murmure-t-elle.



Sauvée par un officier serbe

Début du mois de mars de l'année 1992. Un groupe de sept, une garçonnière... ... Le quatuor ne lui était pas inconnu vu qu'ils étaient ses voisins de rue au moment où, avant que ne commence l'enfer, quelqu'un a écrit son nom accompagné de "HDZ" sur sa porte d'entrée. Qui lui a fait ça ? Elle ne s'en souvient plus car elle affirme qu'elle était à moitié morte. Parmi eux un adolescent âgé, il devait avoir 15 ou 16 ans, ainsi qu'un quinquagénaire qui lors du procès s'est défendu en disant qu'elle ne s'était pas opposée et s'était montrée douce comme un agneau... L'un d'entre eux a dicté dans quel ordre viendrait leur tour. Il en est un dont elle ne saurait plus dire s'il l'a violée, sans doute la circonstance qui lui a valu d'"échapper" à l'acte d'accusation....

- Cela a duré deux, trois jours... A demi consciente, j'ai entendu ma petite soeur qui m'appelait à l'aide, disant qu'elle a mal, que le vieux lui a mis le doigt... Ses pantalons étaient maculés de sang. Je les ai suppliés de la laisser - raconte-t-elle.

Comme sa petite fille est tombée malade ces jours-là, elle en a profité pour demander à ses bourreaux de lui permettre d'aller à l'hôpital avec son enfant et sa soeur. L'un d'eux lui a dit qu'il l'attendrait à l'auberge, mais au lieu d'aller à l'hôpital elle a filé à l'état-major serbe :

- Un officier m'a écoutée, il a distribué des friandises aux enfants et m'a amenée à la caserne pour que je répète ma déposition. Je les ai tous dénoncés. Cet officier m'a indiqué dans quel appartement je devais m'installer, le temps qu'il éclaircisse l'affaire. Toutefois l'un des abuseurs m'a retrouvée et chaque soir il a recommencé avec moi jusqu'au jour où l'officier est venu voir comment j'allais. Mon bourreau a raconté que j'étais sa femme, que je ne voulais pas quitter Vukovar. Par chance l'officier ne l'a pas cru, au contraire il est revenu avec des renforts qui l'ont alors amené. Quelques jours plus tard j'étais à bord d'un autobus avec les enfants, en route pour Osijek. Tandis que j'étais avec les autres fortunés à attendre qu'ils nous tirent de cet enfer, un Serbe m'a crié : "Toi tu restes ici. Tu as mis au monde assez d'oustachis, maintenant tu feras des tchetniks." Et de nouveau ce même officier m'a sauvée - confie-t-elle.



Sept années de prison

C'est à Zagreb qu'elle a reçu une aide médicale et qu'on lui a diagnostiqué un trouble de stress post-traumatique. Quant à sa soeur, une jeune enfant pleine de méfiance envers les gens, en particulier les hommes, ils ont déclaré qu'elle souffrait d'une forme aggravée du trouble de stress post-traumatique. Au début la petite dessinait des fusillades et des actes de destruction, puis quand elle a commencé à aller mieux elle s'est mise à dessiner des gens ; elle esquissait sa soeur étendue sur un lit à côté duquel se tiennent alignés des tchetniks.

- Elle et ma fille se trouvaient dans la pièce où ils me maltraitaient et m'obligeaient, après le viol, à leur réchauffer toute nue du café - raconte-t-elle.

Après avoir habité dans un logement pour réfugiés, il y a six ans elle est retournée avec les enfants à Vukovar. Mais il y a trois ans, lorsqu'on a menacé sa fille, témoin des viols, de lui faire subir le même sort que sa mère, elle a réuni ses enfants et a quitté la ville où, comme elle dit, aujourd'hui encore "quelque chose traîne". L'acte d'accusation contre ceux qui ont abusé d'elle et de sa soeur a été déposé dès 1996. Il a fallu recommencer la procédure, une condamnation par contumace a été prononcée, pour qu'en 2007 le procès ne s'achève pour deux d'entre eux qui maintenant purgent une peine de sept ans de prison. Ce fut la première condamnation en Croatie où le viol a été reconnu comme crime de guerre. Elle et sa soeur ont été interrogées cinq ou six fois. Dans les couloirs elle a eu l'occasion de croiser les accusés, dans le prétoire ils étaient assis dans son dos :

- L'un m'a lancé que c'est encore bien qu'il ne m'ait pas défoncé la bouche pendant qu'il me contraignait à une fellation. A l'occasion d'un témoignage la police m'a mise en état d'arrestation moi et ma soeur - dit-elle.

Le jugement leur reconnaît à toutes deux le droit de réclamer des dommages et intérêts, toutefois il est énoncé dans le point suivant que les accusés sont sans ressources et que les frais de leur procès sont à charge du budget.

 

***


Avec les enfants elle vit comme sous-locataire, elle n'a pas de quoi se payer des livres ni l'école maternelle pas plus que du bois pour se chauffer.

- Les enfants me demandent pourquoi j'ai si peur, mais cela fait 19 ans que je ne dors pas tranquille. Dès que tombe l'obscurité, je verrouille les portes et, malgré que je sois à des centaines de kilomètres, j'éprouve la crainte qu'ils ne me retrouvent... J'ai des filles, qui peut dire quoi s'ils décidaient de se venger sur elles ? - se répète pour la énième fois cette habitante de Vukovar avant de fondre en larmes. Avec les enfants elle vit comme sous-locataire, ce qui lui coûte 1300 kunas.

A titre d'invalidité elle reçoit 2400 kunas et un peu moins pour les allocations. Pour sa fille qui poursuit ses études elle n'a pas acheté de livres parce qu'elle n'a pas d'argent, pas plus qu'elle n'en a pour payer l'école maternelle de la plus jeune ni pour le bois de chauffage. L'Agence nationale des transactions des biens fonciers menace de la poursuivre car la maison qu'elle a reçu en usage à Vukovar a été détruite - un cambriolage a eu lieu au moment où elle s'y installait.

 

 

 

Dok su me sedmorica silovala, molila sam da puste sestricu
 
 

Potresna ispovijest Vukovarke: S djecom živi u podstanarstvu, nema za knjige, vrtić i ogrjev. Prije no što je smogla hrabrosti ispričati nam strahote koje je proživjela, 37-godišnja Vukovarka napisala nam je pismo.

Te krvave vukovarske jeseni s jedva navršenih osamnaest bila je na pragu života, a već je ostala bez muža s kojim je imala petomjesečnu djevojčicu. Poginuo je u prometnoj nesreći dok je išao na stražu. U podrumu je dočekala pad grada, i nju i bebu odveli su u bolnicu, pa u Velepromet, gdje su joj već bili mama, brat i šestogodišnja sestra. Muškarce su razdvojili, brat je završio u logoru u Stajićevu. Majku su, jer je bila u Civilnoj zaštiti, odveli u Mitrovicu, a ona, dijete, ostala se brinuti za dvoje još manje djece. Autobusom su je otpremili put Šapca, gdje je radila u selu u okolici, muzla krave, brinula se o svinjama... U štali je dojila i bebu i sestru, da se spase i prežive. Onda su je vratili u Vukovar, grad koji je bio baš poput nje. Ruševina.

Utočište je potražila kod sestre oca svojeg djeteta, ali za tri dana došli su po nju, kćerku i sestricu:

– Ne znam tko me izdao. Možda njezin muž, pravoslavac – tiho će.

Spasio je srpski oficir

Bio je početak ožujka 1992. godine. Njih sedmorica, garsonijera na Olajnici... Četvoricu je poznavala, pa bili su joj susjedi u ulici u kojoj joj je, kad je pakao počeo, na ulazna vrata netko napisao njezino ime i HDZ. Tko joj je što radio, ne može se sjetiti jer je, veli, bila polumrtva. Bio je među njima i dječarac, star 15-16 godina, pa 50-godišnjak koji je na sudu pričao da se nije opirala i da je bila mirna k’o janje... Jedan je davao naputke kojim će redom ići, za jednog se ne sjeća je li je silovao, pa je valjda zbog toga on i “ispao” iz optužnice...

– Trajalo je dva, tri dana. Polusvjesna, čula sam seku da zapomaže da je boli, da joj je čiko stavio prst... Hlače su joj bile krvave. Preklinjala sam ih da je ostave – priča.

Kćerkica se tih dana razboljela, pa je od svojih mučitelja tražila da joj dopuste s djetetom i sestrom otići u bolnicu. Jedan joj je kazao da će je čekati u gostionici, a ona je, umjesto u bolnicu, odjurila u srpski štab:

– Saslušao me jedan oficir, dao djeci slatkiše i odveo me u vojarnu, da ponovim iskaz. Sve sam ih prijavila. Taj oficir kazao mi je u koji stan da se odselim, dok ne vide što će biti. Ali jedan od zlostavljača našao me i svaku večer ponavljao isto, sve dok oficir nije došao vidjeti kako sam. Moj je mučitelj pričao da sam mu žena, da ne želim iz Vukovara. Sreća da oficir nije povjerovao, već se vratio s pojačanjem pa su ga odveli. Za nekoliko dana bila sam s djecom u autobusu za Osijek. Dok sam, zajedno s ostalim sretnicima, čekala da nas izvuku iz tog pakla, jedan mi je Srbin vikao: “Ti ostaješ ovdje. Dosta si rađala ustaše, sad ćeš rađati četnike.” I opet me isti oficir spasio – izgovara.

Sedam godina zatvora

Liječničku pomoć i dijagnozu PTSP-a dobila je u Zagrebu. Njezinoj sestri, djevojčici punoj nepovjerenja prema ljudima, a osobito muškarcima, tu su dijagnosticirali teži oblik PTSP-a. Malena je u početku crtala pucnjavu i razaranje, a kad je, u nešto boljoj fazi, počela crtati ljude, narisala je i sestru kako leži na krevetu uz koji u redu stoje četnici:

– I ona i kći bile su u prostoriji gdje su me mučili i tjerali da im, nakon silovanja, gola kuham kavu – izgovara.

Nakon prognaničkog smještaja, prije šest godina s djecom se vratila u Vukovar. Prije tri godine, kad su njezinoj kćerki, svjedokinji silovanja, priprijetili da će proći kao mama, pokupila je djecu i otišla iz grada u koji je, kaže, i danas “nešto vuče”. Optužnica protiv njezinih i sestrinih mučitelja podignuta je još 1996. godine, postupak se ponavljao, bilo je tu presuda u odsutnosti, da bi 2007. godine bio okončan postupak za dvojicu, koji su sada na izdržavanju sedmogodišnjih kazni. Bila je to prva presuda u Hrvatskoj prema kojoj je silovanje ratni zločin. Nju i sestru ispitivali su pet-šest puta, u hodniku se sretala s okrivljenima, u sudnici su joj sjedili iza leđa:

– Jedan mi je dobacio da je dobro da mi nije usta razvalio nakon što me silio na oralni seks. Na jedno svjedočenje policija je mene i sestru privela – kaže.

U sudsku je presudu ušlo da ona i sestra od svojih mučitelja mogu tražiti naknadu štete u parnici. No, u sljedećem je stavku navedeno da su okrivljeni bez primanja pa trošak njihova suđenja ide na teret proračuna.

 

***



S djecom živi u podstanarstvu, nema za knjige, vrtić i ogrjev..

Djeca me pitaju zašto se toliko bojim, a ja 19. godinu ne spavam mirno, čim padne mrak, zaključavam se i bojim se da će me, makar sam stotinama kilometara daleko, oni pronaći... Imam kćeri, što ako im se osvete? – prevrnula je po tko zna koji put po mislima ova Vukovarka i zaplakala. S djecom živi kao podstanar, što plaća 1300 kuna.

Za invalidnost prima 2400 kuna, nešto manje dobije za doplatak. Kćerki maturantici nije kupila knjige jer nema novca, baš kao što nema ni za vrtić za najmlađeg ni za drva. APN joj prijeti tužbom jer je kuća koju je dobila na korištenje u Vukovaru uništena – u nju je provaljeno kad se selila.

Source : večernji.hr, le 18 septembre 2010.