posté le 07-11-2010 à 12:21:05
La bénédiction religieuse des centres commerciaux plutôt que la réconciliation
Dražen Vukov Colić l'a joliment fait remarquer dans sa rubrique sur le site
t-portal : "... une fois dépouillée
cette visite du bruit et de la fureur, des sentiments et de la passion, de la politique et de l'idéologie, il s'avère qu'un agnostique (Josipović) et un président orthodoxe (Tadić) ont néanmoins tenté de réaliser une bonne part de ce que Jean-Paul II avait prononcé lors de sa première visite en Croatie en septembre 1994."
"Appelés à la sainteté" Cette parole du Pape le plus aimé des Croates a rarement été répétée du haut de la chaire en Croatie. Pourtant, l'Eglise catholique en Croatie l'a insérée dans l'un de ses documents d'orientation les plus importants : "Les directives pastorales de la Conférence épiscopale croate à l'aube du troisième millénaire". Celles-ci ont été publiées en 2002 sous le titre de "
Appelés à la sainteté" et ont été signées par tous les évêques catholiques de Croatie. Dans une langue élégante, claire et sans équivoque elles expliquent ce que signifie de nos jours le primordial appel chrétien à la sainteté.
Au tout début, en citant les documents du concile ainsi que Jean-Paul II, les évêques enseignent que l'idéal de la sainteté chrétienne n'est pas seulement destiné à quelques rares "éminences", mais est aussi un appel à tous les chrétiens. Qui plus est, "ce haut critère de la vie chrétienne ordinaire" est recommandé à toute personne.
Bon nombre de ces directives touchent effectivement aux valeurs et aux vertus universelles. L'annonce est par ailleurs accompagnée d'une forte note sociale au fur à mesure où elle énumère les péchés et injustices d'aujourd'hui tels que la cupidité, la corruption, l'irresponsabilité envers le bien commun, la lutte sans merci pour le pouvoir et les intérêts personnels, le terrorisme et le saccage de l'environnement.
Un accent important est placé en plusieurs points sur la guérison des blessures qui ont été infligées à notre société par les guerres et par les injustices survenues ensuite dans les processus économiques. "C'est pourquoi dans notre région la promotion de la sainteté est principalement liée à l'engagement pour la réconciliation, la solidarité et la justice sociale", lit-on dans ce document qui pose avec justesse le diagnostic d'une "profonde méfiance qui existe parmi nos citoyens pour des raisons nationales et politiques, de même qu'au regard des principales institutions sociales, et [pour des raisons] de divisions sociales toujours plus grandes ainsi que d'une insensibilité envers les plus faibles et les plus pauvres".
Qui de nos jours ne cosignerait pas cela ?
La revanche et la hainePlus loin, Dieu est remercié pour la sagesse et le dévouement avec lesquels "les pasteurs de leur peuple, avec à leur tête le cardinal Franjo Kuharić, durant la Guerre patriotique, fermes dans la foi, ont éveillé et maintenu parmi le peuple entier un espoir si nécessaire, en veillant en même temps à ce que chez les victimes de la terreur et de l'agression ne prédomine le sentiment de revanche et de haine, si contraire à l'appel du Christ au pardon et à l'amour de l'ennemi".
Pour finir, tout en soulignant l'importance de la coopération oecuménique et du dialogue dans la région, le document cite un extrait essentiel tiré de l'homélie que le pape prononça presque d'un ton impérieux sur l'Hippodrome de Zagreb. "Toi, Eglise de Zagreb, qui aujourd'hui fête 900 ans de grâce du Seigneur, tu es appelée, avec les autres Eglises en Croatie, à être l'apôtre de la concorde renouvelée... Dans cette région aujourd'hui mise à si forte épreuve la foi doit redevenir une force qui unit et donne de bons fruits, tels les fleuves qui parcourent ces pays. Telle
la Save qui naît en Slovénie, s'écoule au travers de votre patrie.... et débouche dans le Danube en Serbie... Ces deux grands fleuves se rencontrent, de même que sont appelés à la rencontre les divers peuples qu'ils relient".
Pourquoi est-ce que je prends la peine de citer aussi largement un document religieux ? D'abord parce qu'il mérite l'attention et qu'il est d'actualité. Mais hélas aussi parce qu'il ne fait qu'accentuer ma profonde déception causée par l'absence de représentants religieux, aussi bien catholiques qu'orthodoxes, lors de la grande et notable action accomplie par les deux présidents. Quand bien même ces représentants, pour autant que je sache, n'y ont pas été officiellement invités par le protocole d'Etat, je suis sûr qu'une demande faite de leur côté pour participer aurait été chaleureusement acceptée.
Réellement j'avais espéré qu'au moins un évêque et un épiscope viendraient conforter les faits et gestes présidentiels, de la même façon dont l'avaient fait ce printemps le cardinal Puljić et le grand mufti Cerić en se rendant
en compagnie de Josipović à Ahmići et Križančevo Selo. Je suis convaincu qu'en présence ne fut-ce que d'un de leurs bons pasteurs les malheureuses femmes et mères de Vukovar tenant en main des rosaires n'auraient pas tourné le dos à la main tendue par-delà le Danube.
Marketing sacramental En revanche, ce même soir, un prélat est apparu là où je l'y attendais le moins. En bénissant le nouveau centre commercial à Zagreb, Monseigneur Vladimir Stanković, un homme qui n'est pas sans peser dans la hiérarchie religieuse, a appelé, comme le rapporte le site
Index, "tous les bons citoyens de Croatie à venir acheter dans ce grand édifice". Vraiment Monseigneur, et le dimanche aussi ?
Cet exemple inouï et scandaleux de marketing sacramental, cette bénédiction déplacée ainsi que celle ayant fait défaut à Vukovar, corroborent le mieux l'affirmation que les évêques croates ont incorporée dans leur appel à la sainteté : "
Aujourd'hui plus rien n'est sacré".
Crkveni blagoslov šoping-centrima umjesto pomirenju
Lijepo je to u svojoj kolumni na t-portalu primijetio Dražen Vukov Colić: “… kada se ovaj posjet očisti od buke i bijesa, osjećaja i strasti, politike i ideologije, ispada da su jedan agnostik (Josipović) i jedna pravoslavni predsjednik (Tadić) ipak pokušali ostvariti značajan dio onoga što je Ivan Pavao II. izgovorio prigodom svog prvog posjeta Hrvatskoj u rujnu 1994.”
‘Na svetost pozvani’
Te riječi Hrvatima najdražeg pape doista su rijetko bile ponavljane s propovjedaonica u Hrvatskoj. Ipak, Katolička crkva u Hrvatskoj uvrstila ih je u jedan od svojih najvažnijih programskih dokumenata. “Pastoralne smjernice HBK na početku trećeg tisućljeća”, objavljene 2002. pod naslovom “Na svetost pozvani” s potpisom svih katoličkih biskupa u Hrvatskoj, lijepim, jasnim i nedvosmislenim jezikom objašnjavaju što u današnjem vremenu znači temeljni kršćanski poziv na svetost.
Na samom početku, citirajući koncilske dokumente i Ivana Pavla II., biskupi poučavaju da ideal kršćanske svetosti nije samo za rijetke “velikane”, nego poziv svim kršćanima. Štoviše, to “visoko mjerilo redovitog kršćanskog života” preporučuje se svim ljudima.
Veliki broj od sto smjernica doista se tiče općeljudskih vrijednosti i vrlina. Proglas je obilježen i snažnom socijalnom notom dok nabraja suvremene grijehe i nepravde kao što su pohlepa, korupcija, neodgovornost za opće dobro, bespoštedna borba za vlast i vlastite interese, terorizam i uništavanje okoliša.
Snažan naglasak u nekoliko je točaka stavljen i na liječenje rana koje su našem društvu zadali rati i nepravde u ekonomskim procesima nakon njega. “Zbog toga je na našim prostorima promicanje svetosti prvenstveno povezano sa zauzimanjem za pomirenje, solidarnost i socijalnu pravdu”, stoji u dokumentu koji točno dijagnosticira “duboko nepovjerenje koje postoji između naših građana zbog nacionalnih ili političkih razloga, kao i s obzirom na temeljne društvene institucije, te sve većih socijalnih podjela i neosjetljivosti na najslabije i najsiromašnije”. Tko to danas ne bi supotpisao?
Osveta i mržnja
Nadalje, Bogu se zahvaljuje za mudrost i predanost kojom su “pastiri svoga naroda, na čelu s kardinalom Franjom Kuharićem, za vrijeme Domovinskog rata, čvrsti u vjeri, budili i držali živom u cijelom narodu toliko potrebnu nadu, brinući se ujedno da u žrtvama terora i agresije ne prevlada osjećaj osvete i mržnje, toliko protivan Kristovu pozivu na oproštenje i ljubav prema neprijatelju”.
Naposljetku, naglašavajući važnost ekumenske suradnje i dijaloga na ovim prostorima, dokument citira i taj prevažan ulomak iz Papine propovijedi izrečen gotovo zapovjednim tonom na zagrebačkom Hipodromu: “Ti, Zagrebačka crkvo, koja danas slaviš 900 godina milosti Gospodnje, pozvana si, zajedno s drugim Crkvama u Hrvatskoj, da budeš apostol obnovljene sloge… U ovim krajevima danas stavljenima na toliku kušnju vjera mora ponovno postati snaga koja ujedinjuje i daje dobre plodove, poput rijeka koje protječu ovim zemljama. Kao Sava, koja izvire u Sloveniji, protječe vašom domovinom… te u Srbiji utječe u Dunav… Te dvije rijeke se susreću, isto kao što su pozvani na susret razni narodi koje one povezuju”.
Zašto ovako opširno citiram jedan crkveni dokument? Prvo zato što je vrijedan pažnje i aktualan. Ali, nažalost, i zato što samo povećava moje duboko razočaranje izostankom predstavnika crkava, i Katoličke i Pravoslavne, u velikom i važnom djelu dvojice predsjednika. Bez obzira na to što ih, koliko sam upućen, nisu službeno pozvali državni protokoli, siguran sam da bi njihovo samoinicijativno priključivanje bilo zdušno prihvaćeno.
Doista sam se nadao da će barem jedan biskup i jedan episkop osnažiti predsjedničke geste i djela, onako kako su to proljetos učinili kardinal Puljić i reis-ul-ulema Cerić pošavši s Josipovićem u Ahmiće i Križančevo Selo. Uvjeren sam da u prisutnosti makar jednog svog dobrohotnog pastira nesretne vukovarske žene i majke s krunicama u rukama ne bi okrenule leđa ruci pruženoj preko Dunava.
Sakralni marketing
Ali, zato se iste večeri jedan crkveni velikodostojnik pojavio na mjestu na kojem sam ga najmanje očekivao. Blagoslivljajući novi trgovački centar u Zagrebu, monsinjor Vladimir Stanković, čovjek nipošto bez težine u domaćoj crkvenoj hijerarhiji, pozvao je, kako prenosi Index, “sve dobre građane Hrvatske da dođu kupovati u tom velikom objektu”. Monsinjore, zar i nedjeljom?
Taj neupamćen i skandalozan primjer sakralnog marketinga, te jedan izostali i jedan neprimjereni blagoslov, najbolje komentira tvrdnja koju su u svoj poziv na svetost ugradili i hrvatski biskupi: “Danas više ništa nije sveto”.
par Branimir Pofuk
Source :
jutarnji.hr, le 6 septembre 2010.