posté le 22-08-2010 à 22:20:40
Pas de réconciliation !
D'après les informations rapportées par presque tous les médias, et qui ont été confirmées par les autorités locales, il est prévu que soit construit à Kragujevac un mémorial commun pour les partisans et les "victimes de la terreur communiste". L'occasion pour la construction du "monument de la réconciliation", tel que l'appelle le maire Stevanović, et sur lequel à côté de l'étoile communiste figurera une croix, est la découverte d'un charnier contenant les dépouilles mortelles de partisans ayant été fusillés par les occupants fascistes allemands durant la Seconde Guerre mondiale ainsi que celles "de victimes de la terreur communiste" -, à savoir des collaborateurs fusillés après que Kragujevac eut été libéré par les partisans.
En effet, le 21 octobre 1941, un massacre a eu lieu à Kragujevac. A cette occasion ont été fusillés plus de sept mille habitants de Kragujevac* par les forces d'occupation allemandes, avec le soutien sans réserve de leurs collaborateurs locaux. Rappelons que l'exécution de civils à Šumarice a eu lieu en représailles à une attaque des partisans contre une colonne de l'armée allemande à proximité de Kragujevac. Trois ans plus tard, le 21 octobre 1944, les partisans aidés par l'Armée rouge ont libéré Kragujevac, ce qui amena à l'arrestation et la condamnation à mort de plusieurs centaines de traîtres nationaux qui pendant toute la durée de l'occupation collaborèrent avec les occupants fascistes à tous les niveaux, y compris pour certains lors des exécutions à Šumarice.
Depuis qu'est arrivé au pouvoir Veroljub Stevanović, partant de son premier mandat jusqu'à aujourd'hui, l'attitude des institutions envers les victimes de Šumarice et les libérateurs de Kragujevac, ainsi qu'envers les antifascistes d'aujourd'hui, ne cesse d'empirer. Tout d'abord à proximité immédiate du lieu où furent fusillés les fascistes locaux par les antifascistes a été élevé un monument dédié "aux victimes de la terreur communiste", ensuite les bustes des héros du peuple ont été retirés du Grand parc de Kragujevac (L'Allée des héros du peuple), où ils étaient installés depuis des décennies pour témoigner du passé antifasciste de notre peuple et du tribut que les travailleurs et les paysans ont dû verser dans la lutte contre la fascisme. Leur destin reste méconnu aujourd'hui encore. Veroljub Stevanović et sa clique ne semblent reculer devant rien dans leur pêche en eau trouble, au point qu'à été transformé en terrain à bâtir communal une partie du Grand parc où s'était déroulé un grand meeting antifasciste directement avant que n'éclate la Seconde Guerre mondiale. Récemment, grâce aux protestations des habitants de Kragujevac, a été empêchée la construction de "l'académie du tennis" de la famille Đoković. Malheureusement le récit des extravagances du maire de Kragujevac ne s'arrête pas là.
Dans le parc mémorial de Šumarice des travaux sont en cours pour l'agrandissement d'un complexe hôtelier dont le nouveau propriétaire est un certain Milenko Marjanović ; par ailleurs, il y a tout juste quelques années, une église fut bâtie non loin du monument "peto tri". Tout cela à l'endroit où il y a 68 ans furent assassinés plusieurs milliers d'habitants innocents de Kragujevac, principalement des enfants, par les fascistes que soutenaient des traîtres locaux.
Ces derniers jours on nous a ressorti l'histoire des "crimes communistes" commis au lendemain de la libération. Les représentants de l'administration locale estiment que parce qu'ont été découverts dans un nouvelle fosse commune une centaine d'antifascistes ils sont en droit d'ériger le monument dit de la réconciliation, ce qui constitue un contresens et une effronterie. Il n'y a pas de réconciliation, et il n'y en aura jamais. Le groupe local de la confédération syndicale "Initiative anarchosyndicaliste" s'oppose énergiquement à l'idée que soit construit un tel monument et nous en profitons pour signaler qu'il ne s'agit de rien d'autre que d'une tentative de réécrire l'histoire, en l'occurence de mettre sur un même pied ceux qui se sont battus contre le fascisme et ceux qui pendant toute la durée de l'occupation ont été au service de l'occupant fasciste en vue de leurs intérêts personnels. Nous estimons également que toutes les activités de l'administration locale liées à la construction du monument, mais aussi le mythe sur la soi-disant terreur révolutionnaire, servent à tracer la voie et à créer la base idéologique sur laquelle reposent aujourd'hui le système d'exploitation capitaliste ainsi que les groupuscules fascistes actifs en Serbie et à Kragujevac.
La confédération syndicale "Initiative anarchosyndicaliste" consacrera une partie de ses activités futures à empêcher que l'on répande le mythe de "la terreur révolutionnaire" et elle continuera à informer le plus grand nombre sur la vérité liée à la période avant, pendant et après la Seconde Guerre mondiale.
No pasarán
A Kragujevac, le 20 août 2010.
Le groupe local de Kragujevac de la confédération syndicale "Initiative anarchosyndicaliste" - Section de l'AIT.
Source :
inicijativa.org, le 22 août 2010.
* concernant le nombre d'exécutés, on a dit 7000 mais apparemment on n'a qu'une liste de 3000 [N.D.T.]