Thérories du complot, rêves d'une "Grande Serbie" et aucun mot du génocide: le nationalisme serbe entrave le développement dans les Balkans. Mais l'Allemagne et l'Europe doivent aussi faire leur part du boulot.
par Christian Schwarz-Schilling
Christian Schwarz-Schilling avait démissionné en 1992 en tant que ministre des Postes et des Télécommunications pour protester contre la politique en Bosnie du Gouvernement Kohl. En 2006-2007 il fut le Haut-représentant pour la Bosnie-Herzégovine.
Cela fait des années que les ténors de la politique européenne parlent de la crise permanente au Kosovo et en Bosnie-Herzégovine. La vérité semble toutefois différente : ce n'est pas le manque de bonne volonté ou la stupidité des politiciens de ces deux pays qui est la cause du manque de progrès. Le plus gros problème reste encore et toujours la crispation idéologique de la Serbie.
La Serbie ne s'est pas encore débarrassée de l'idéologie nationaliste de la Grande Serbie, qui a mené dans les années 90 au pire génocide en Europe depuis la fin de la Seconde Guerre mondiale et au démantelement subséquent de l'ex Yougoslavie. Encore aujourd'hui cette idéologie empêche le progrès dans les deux pays voisins. C'est avec une impertinence politique sans pareille que le gouvernement serbe veille à ce que l'idée historiquement dépassée de la "Grande Serbie" ne soit pas remise en question. Celui qui agit ainsi se retrouve en Serbie sous une énorme pression politique, qui peut mener jusqu'au meurtre, comme cela est arrivé au courageux Premier ministre Zoran Đinđić, qui fut proprement exécuté.
Il existe cependant un autre facteur qui empêche que les choses aillent vers un mieux dans toute la région. Il s'agit de la politique désaxée, inconsistante et poussive de l'Europe. Jusqu'à présent l'Europe ne veut pas admettre à quel point avec son laxisme permanent vis-à-vis de la politique serbe elle a mené à la désastreuse situation au Kosovo, en Bosnie-Herzégovine et aussi en Serbie.
Deux décisions de justice rendues en Europe doivent maintenant ouvrir les yeux des Européens. Tout d'abord, la Cour internationale de Justice à La Haye a rendu un jugement clair et sans équivoque sur l'Indépendance du Kosovo. La déclaration d'indépendance du Kosovo n'a pas constitué un manquement au droit des peuples ! Cela a été reçu à Belgrade comme un coup de tonnerre.
Le second jugement, rendu par un tribunal londonien après des recherches minutieuses, est de même teneur : il a permis que soit libéré Ejup Ganić, qui sur demande de la Serbie avait été arrêté le 1er mars à Londres et qui devait être livré à Belgrade comme possible criminel de guerre. Le tribunal a constaté qu'il n'y avait aucun argument indiquant que Ganić eût réellement commis en mai 1992 les crimes de guerre dont on l'accusait. Le juge a établi que des motifs politiques et non pas des faits juridiques avaient amené le bureau du procureur serbe à ces fausses accusations ; il s'agit d'un abus de l'Etat de droit britannique.
Les attendus du juge londonien Timothy Workman ont en outre montré que la partie serbe avait tenté de conclure un "deal" politique avec Londres et Sarajevo derrière le dos de la justice : Belgrade retirerait sa demande d'extradition pour autant qu'Ejup Ganić soit traduit devant un tribunal à Sarajevo et que le Gouvernement bosnien approuve l'insuffisante déclaration faite par le Parlement serbe sur le massacre à Srebrenica, dans laquelle le mot "génocide" a été évité.
Lorsque la remise en liberté de Ganić - après avoir passé cinq mois à Londres - a été apprise en Serbie, la colère des médias serbes, du leader des radicaux, mais aussi du gouvernement fut grande ; cela montre une fois de plus à quel point l'humeur est échauffée dans le pays. Le président Boris Tadić, le ministre des Affaires étrangères Vuk Jeremić ainsi que le Premier ministre de la Republika Srpska, Milorad Dodik, ont rivalisé depuis lors dans leurs efforts pour présenter les deux jugements comme faisant partie d'un grand complot anti-serbe et pour assurer qu'au grand jamais ils n'accepteraient l'indépendance du Kosovo. C'est avec frénésie qu'on été envoyés 55 émissaires spéciaux à travers le monde afin que le moins possible d'Etats membres des Nations Unies ne reconnaissent le Kosovo.
On ne peut même pas exclure que cet activisme ne récolte quelques fruits mineurs. Il existe après tout cinq Etats membres de l'UE qui, craintif de leur propre situation politique interne, ont refusé de reconnaître l'Etat du Kosovo. Et pourtant dans la durée il devient de plus en plus clair que l'heure est passée lorsque la Serbie pouvait insister, en tant que "Grande Serbie", à avoir son mot à dire au Kosovo ou en Bosnie. Tout simplement l'histoire ne repasse pas les plats.
C'est pourquoi l'Europe doit d'autant plus faire sa part du boulot. Notamment soutenir ces forces dans les Balkans qui prônent des solutions raisonnables et sont prêtes à offrir des contributions constructives en vue de stabiliser la région. Ce fut par exemple une erreur fondamentale que d'avoir retiré les magistrats internationaux des tribunaux normaux de Bosnie-Herzégovine sous la pression de la Republika Srpska.
Sans faute et de toute urgence : des conversations avec la Russie et la Chine
Cela a beaucoup pesé sur une séparation efficace des pouvoirs en Bosnie-Herzégovine. Il ne faut pas que de telles erreurs se répètent. L'Europe doit aider ceux qui peuvent faire avancer le processus de réformes nécessaires dans les Balkans. Ils sont dépendants de cet appui international et professionnel.
Une mission importante de l'UE serait d'entamer des discussions au plus haut niveau avec la Russie et la Chine pour surmonter pas à pas les blocages au sein du Conseil de sécurité de l'ONU. Le but devrait être un accord mutuel sur le futur de la région. Les Européens doivent également être prêts à se défaire de l'attitude du donneur de leçons pour regagner la confiance des Gouvernements et des peuples au Kosovo, en Bosnie-Herzégovine et aussi en Serbie.
Malheureusement les Allemands appartiennent eux aussi au camp des passifs dans ce processus, et parfois même des freineurs. A Berlin les responsables attendent visiblement un train spécial européen, où une place serait réservée pour l'Allemagne en vue de s'associer à la tâche dans les Balkans. Cela s'avérera une erreur de calcul. Entre temps, d'autres puissances ont occupé cette place depuis longtemps, en particulier la Turquie. Elles s'efforcent avec exemplarité et en accord avec la Russie de décrisper la situation compromise - au sens de l'Europe. Le retour de l'Allemagne en tant que partenaire constructif serait néanmoins encore salué. Les deux décisions de justice en sont une bonne occasion.
Verschwörungstheorien, Träume von "Großserbien" und kein Wort vom Völkermord: Serbiens Nationalismus verhindert die Entwicklung auf dem Balkan. Aber auch Deutschland und die EU müssen ihre Hausaufgaben machen.
Christian Schwarz-Schilling, 79, trat 1992 aus Protest gegen die Bosnien-Politik der Regierung Kohl als Postminister zurück. 2006/07 war er Hoher Repräsentant für Bosnien und Herzegowina.
Seit Jahren reden europäische Spitzenpolitiker von der Dauerkrise im Kosovo und in Bosnien-Herzegowina. Die Wahrheit sieht allerdings anders aus: Nicht fehlender guter Wille oder Dummheit bei den Politikern dieser beiden Länder ist der Grund für den fehlenden Fortschritt. Das größte Problem ist immer noch die ideologische Verkrampfung Serbiens.
Belgrad hat sich immer noch nicht von jener nationalistischen großserbischen Ideologie gelöst, die in den 1990er Jahren zu dem schlimmsten Völkermord in Europa seit dem 2. Weltkrieg und zum anschließenden Auseinanderfallen des früheren Jugoslawiens geführt hat. Noch heute verhindert diese Ideologie jeden Fortschritt in den beiden Nachbarländern. Mit einem politischen Trotz sondergleichen achtet die serbische Regierung darauf, dass die historisch überholte Idee des "Greater Serbia" nicht in Frage gestellt wird. Wer es dennoch tut, steht in Serbien unter enormem politischem Druck, der bis zum Mord führen kann, wie bei dem mutigen früheren Ministerpräsidenten, Zoran Djindjic, geschehen, der regelrecht exekutiert wurde.
Es gibt aber noch einen weiteren Faktor, der eine Entwicklung zum Besseren in der gesamten Region verhindert: Es ist die unkonzentrierte, inkonsistente und kurzatmige Politik Europas. Europa will bis heute nicht wahrhaben, wie sehr es mit seiner ständigen Nachgiebigkeit gegenüber der Politik Serbiens die heutige desaströse Lage im Kosovo, in Bosnien-Herzegowina und auch in Serbien mit herbeigeführt hat.
Zwei Gerichtsentscheidungen aus Europa sollten nun den Europäern die Augen öffnen. Zunächst hat der Internationale Gerichtshof in Den Haag (IGH) ein klares und eindeutiges Urteil über die Selbstständigkeit des Kosovos abgegeben. Die Unabhängigkeitserklärung des Kosovos war kein Verstoß gegen das Völkerrecht! Das kam in Belgrad wie ein Donnerschlag an.
Auch das zweite Gerichtsurteil, von einem Londoner Gericht nach sorgfältiger Recherche gefällt, hat es in sich: Es hat Ejup Ganic freigelassen, der auf Ersuchen Serbiens in London am 1. März festgenommen wurde und als möglicher Kriegsverbrecher nach Belgrad ausgeliefert werden sollte. Das Gericht hat festgestellt, dass es keinerlei Anhaltspunkte gibt, dass Ganic die ihm zur Last gelegten Kriegsverbrechen im Mai 1992 wirklich begangen hat. Die Richter befanden, nicht juristische Tatbestände, sondern politische Motive hätten die serbische Staatsanwaltschaft bei den falschen Anschuldigungen geleitet; dies sei ein Missbrauch des britischen Rechtsstaates.
Die Urteilsbegründung des Londoner Richters Timothy Workman zeigte zudem, dass die serbische Seite hinter dem Rücken des Gerichts einen politischen Deal mit London und Sarajevo versucht hat: Belgrad würde das Auslieferungsersuchen zurückziehen, wenn Ejup Ganic in Sarajevo vor Gericht gestellt würde und die bosnische Regierung die unzureichende Erklärung des serbischen Parlaments zum Massaker in Srebrenica guthieße, in dem das Wort "Völkermord" vermieden wird. Dieser Versuch zeigt, wie gering die serbische Regierung das Rechtsstaatsdenken in London schätzt; das Gericht lehnte ein solches Ansinnen selbstverständlich ab.
Als die Freilassung Ganics - nach fünf Monaten in London - in Serbien bekannt wurde, war die Wut der serbischen Medien, der radikalen Parteiführer, aber auch in der Regierung groß; dies zeigt einmal mehr, wie aufgeheizt die Stimmung im Land ist. Präsident Boris Tadic, Außenminister Vuk Jeremic sowie der Premierminister der Republika Srpska, Milorad Dodik, überbieten sich seitdem in ihren Bemühungen, die beiden Gerichtsurteile als Teile eines großen anti-serbischen Komplotts darzustellen und zu versichern, dass sie nie und nimmer die Selbstständigkeit des Kosovos akzeptieren werden. Hektisch werden nun 55 Sonderbotschafter in alle Welt geschickt, damit möglichst wenige UN-Mitgliedsstaaten den Kosovo anerkennen.
Es ist nicht ausgeschlossen, dass diesem Aktionismus sogar kleinere Erfolge beschieden sind. Es gibt ja sogar noch fünf EU-Mitgliedsstaaten, die, aus Angst vor der eigenen innenpolitischen Lage, dem Staat Kosovo die Anerkennung versagen. Doch auf Dauer wird es immer klarer, dass die Zeit vorbei ist, in der Serbien darauf bestehen konnte, als "Großserbien" auch im Kosovo oder in Bosnien das Sagen zu haben. Die Geschichte ist einfach weitergegangen.
Umso mehr muss nun Europa seine eigenen Schularbeiten machen. Dazu gehört, jene Kräfte auf dem Balkan zu unterstützen, die für langfristig sinnvolle Lösungen einstehen und konstruktive Beiträge für die Stabilisierung der Region zu liefern bereit sind. Es war zum Beispiel ein fundamentaler Fehler, dass Ende vorigen Jahres die internationalen Richter auf Druck der Republika Srpska aus den normalen Gerichten von Bosnien-Herzegowina abgezogen wurden.
Dringend nötig: Gespräche mit Russland und China
Dies hat den Aufbau einer funktionierenden Gewaltenteilung in Bosnien-Herzegowina sehr erschwert; solche Fehler dürfen sich nicht wiederholen. Europa muss denjenigen helfen, die auf dem Balkan den notwendigen Reformprozess voranbringen wollen. Sie sind auf diese internationale und professionelle Unterstützung angewiesen.
Eine wichtige Aufgabe der EU wäre es, Gespräche mit Russland und auch China auf höchster Ebene zu führen, um die Blockaden im Sicherheitsrat Schritt für Schritt abzubauen. Ziel sollte ein gegenseitiges Übereinkommen über die Zukunft der Region sein. Die Europäer müssen auch bereit sein, die Attitüde des Besserwissers abzulegen und so das Vertrauen der Regierungen und der Bevölkerung im Kosovo, in Bosnien-Herzegowina, auch in Serbien, zurückzugewinnen.
Leider gehören auch die Deutschen in diesem Prozess zu den Passiven, manchmal gar zu den Bremsern. In Berlin warten die Verantwortlichen offensichtlich auf einen europäischen Sonderzug, wo die Plätze für Deutschland zur Mitarbeit am Balkan reserviert sind. Das wird sich als Fehlkalkulation erweisen. Inzwischen haben längst andere Mächte, insbesondere die Türkei, diese Plätze besetzt. Sie bemühen sich vorbildlich, die verfahrene Lage im Sinne Europas und in Abstimmung mit Russland zu entkrampfen. Noch würde der Wiedereinstieg Deutschlands als konstruktiver Mitspieler begrüßt werden. Die beiden Gerichtsurteile könnten eine gute Gelegenheit dazu sein.
Source : sueddeutsche.de, le 15 août 2010.